PAR FRÉDÉRIC SAYS & MARION L’HOUR
3 %
Cette règle de l’Union européenne limite le déficit à 3 % de la richesse produite (le PIB) chaque année. Une obligation décrite par les eurosceptiques comme un « diktat de Bruxelles », et que la France s’est fait une spécialité de contourner. Alors même que les 3 % sont une invention « made in France » ! Au début des années 1980, après avoir laissé filer les déficits, François Mitterrand cherche à inventer une règle de bonne gestion. Guy Abeille, fonctionnaire au ministère des Finances, suggère alors ce ratio, qui s’imposera ensuite à l’échelle européenne. Mais, au fait, pourquoi 3 % ? « Trois comme les trois Grâces, la Trinité, les trois ordres alchimiques… » répond poétiquement Guy Abeille. Des chiffres et des lettres, donc.
Aller/retour
Les têtes bien faites de Bercy se laissent souvent attirer par les sirènes du privé. Les anciens membres du Trésor fournissent des troupes aguerries aux grandes banques françaises. Ces fonctionnaires passés dans le privé reviennent parfois à Bercy ensuite, à des postes plus élevés. Mais ces allers et retours posent question. Côté pile : une expertise précieuse du monde de l’entreprise. Côté face : un inévitable soupçon de conflits d’intérêts. Car, au moment de trancher, les conseillers de Bercy peuvent-ils vraiment se mettre à dos des secteurs dans lesquels ils poursuivront, pour certains, leur carrière ?
Arbitrages
Comment préserver le budget de son ministère ? Chaque année, c’est l’angoissante question qui étreint les ministres. À chacun sa méthode. Certains utilisent la flatterie. « Tu seras président », glissait Philippe Douste-Blazy à l’ambitieux Jean-François Copé, entre deux négociations. D’autres préfèrent la colère. Bercy redoutait les entrevues budgétaires avec Ségolène Royal. Autre technique, celle du salami : découper le budget en tranches, négocier chaque ligne, pour épuiser les hommes de Bercy et gagner à l’usure. Les ministres « dépensiers » utilisent aussi souvent les « fuites » dans la presse. Elles permettent de mobiliser l’opinion publique pour gagner un arbitrage. « C’est la méthode Duflot », souffle un conseiller au Budget.
Bulle
Bercy est un gros village. Voire une petite ville. Une bulle en autarcie, avec sa crèche, son kiosque à journaux, sa salle de sport, mais aussi une agence postale, une borne SNCF, une médiathèque, une supérette, un boulanger, des espaces d’exposition, une gare routière et des bornes de recharge pour voitures électriques. Jadis, le ministère comptait même une agence Air France, que l’arrivée d’Internet a rendue obsolète. Le sous-sol de la cour d’honneur accueille un abri antiatomique.
Carré
Étoile noire, paquebot, citadelle… Le ministère de l’Économie et des finances porte plusieurs surnoms plus ou moins flatteurs. Gris, cubique, monotone, le bâtiment comporte uniquement des multiples de 90 centimètres, des carrés empilés. Dès le début, le lieu a mauvaise presse : après sa construction, l’architecte Paul Chemetov, a connu un « trou noir » : cinq ans sans commandes !
Cellule fiscale
Pendant des années, ce fut un discret guichet « V.I.P. » à Bercy. La cellule fiscale accueillait les personnalités en délicatesse avec le fisc : stars de la chanson, vedettes de cinéma, sportifs célèbres, mais aussi gens de médias et influents hommes d’affaires. Sans compter les réclamations de simples citoyens transmises par les parlementaires. Jean-François Copé, ministre du Budget entre 2004 et 2007, assume avoir lui-même tranché ces dossiers sensibles : « Il s’agit de contribuables qui ont énormément investi dans le pays, créé des emplois, payé beaucoup d’impôts. C’est normal qu’ils
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