Gérard et le maire

« La peau dure », c’est un film sur la face cachée de la France, celle qui ne prenait pas la lumière, celle des villages et des rond-points.

PAR THOMAS THEVENOUD PHOTOS © DR

En tournant « La Peau dure » à Preuilly-sur-Claise, un village d’à peine 1000 habitants au sud de la Touraine, Sylvain Desclous a fait le choix de montrer une France qu’on ne voit plus nulle part. La projection en avant-première donne des airs de fête au village et fait de Gérard Saumonneau, son acteur principal, la vedette d’un soir. Le reste du temps, il vit seul, se déplace en mobylette et boit beaucoup. Tout le monde est impatient de découvrir comment on a pu faire de sa vie un film. Un film politique, comme on n’en fait plus.

Ce soir-là, à Preuilly-sur-Claise, il y avait vraiment mieux à faire que de rester chez soi. A croire que tout le village s’est donné rendez-vous à la salle des fêtes.

En attendant de pouvoir entrer, on évoque les sujets du jour : la mort de Chirac la veille, le manque de pluie depuis cet été et la décision du maire de ne pas se représenter.

Pour un peu, on en oublierait les raisons de tout ce monde et la projection du film qu’on est venu voir : La Peau dure. Heureusement, les acteurs sont là qui attendent de faire leur entrée dans la salle bondée.

Ici, tout le monde le connaît Gérard. Gérard Saumonneau, 76 ans, un « marginal » comme disent certains, un « pochtron » pour les autres. Gérard et sa mobylette, Gérard et son chien Zorro, Gérard et son pote Jacky. L’après-midi même, il a sillonné les rues du village. Certains l’ont croisé : « Il avait encore trop d’huile dans son essence. » Faire un film sur sa vie… on aimerait bien voir ça quand même !

Depuis quelques jours, l’affiche est partout : à la mairie, en première page de La Nouvelle République et, bien sûr, scotchée sur les vitrines vides des commerces. C’est l’avantage d’avoir beaucoup de pas-de-porte à louer, ça fait des emplacements pour l’affichage libre.

Le réalisateur Sylvain Desclous est un enfant du pays, ses grand-parents sont enterrés au cimetière de Preuilly, sa tante est l’ancienne secrétaire de mairie, tout le monde la connaît, elle a travaillé avec l’ancien maire socialiste qui « perd un peu la boule » dit-on depuis qu’il est entré à l’EHPAD du village.

L’affiche avec en gros plan : la gueule de Gérard, son visage marqué par l’alcool, sa peau striée par les rides. C’est lui la Peau dure.

Mobylette sur la

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