Philippe Poutou, l’homme qui ne sait pas dire non

Portrait de l’ouvrier Philippe Poutou publié dans Charles en janvier 2017, qui est devenu depuis conseiller municipal de Bordeaux. Par Kevin Poireault. Photo Arnaud Meyer.

« J’annonce maintenant ma démission du comité exécutif. » Deux ans après la campagne du Nouveau Parti anticapitaliste à l’élection présidentielle de 2012, Philippe Poutou veut se dégager de ses responsabilités. Lassé de ce groupe trop « parisien » pour lui qui vit à Bordeaux, et du « manque de démocratie et de respect entre camarades », il envoie, un dimanche soir après avoir discuté avec sa compagne, un e-mail aux membres du NPA pour les avertir de cette décision longuement mûrie. « Les camarades de la direction savaient que j’en avais marre, mais tout le monde me conseillait de ne pas le faire. Ils craignaient les conséquences » rigole aujourd’hui celui qui s’aventure dans une nouvelle campagne présidentielle. Trois jours plus tard, Mediapart récupère le message – « Nous ne savons toujours pas comment… mais nous n’avons pas mené l’enquête ! », assure-t-il, le sourire en coin – et le publie sur son site. Dès le lendemain, Olivier Besancenot, figure emblématique du parti, est contraint de minimiser la situation dans les colonnes du Figaro et d’affirmer que « Philippe Poutou ne démissionne ni du NPA ni de la direction » jouant sur le fait que son camarade reste au « conseil politique national », le « parlement » du parti. Cet épisode gênant pour un NPA déjà en crise depuis plusieurs années, illustre une des facettes de Philippe Poutou : il n’a aucune envie d’être mis en avant et préfère se qualifier de « militant de base » ou de « militant lambda ». « Olivier, ou Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière, sont dans la direction de leur parti quand ils sont désignés, explique-t-il. Moi, je suis à peine à la direction locale de Gironde. J’y suis de fait, parce qu’on m’a dit, après la lutte à l’usine Ford, qu’il fallait que je l’intègre. Mais personnellement, je ne voulais pas. »De même, il ne rejoint le comité exécutif du NPA qu’après l’élection présidentielle de 2012, et ne l’a pas réintégré depuis sa démission.

Le bon profil

Lorsqu’Olivier Besancenot annonce en mai 2011, qu’il ne réitérerait pas l’expérience de la présidentielle une troisième fois, le NPA n’a alors pas de candidat remplaçant. « Philippe correspondait bien à ce que nous avions envie d’exprimer à ce moment-là », résume Christine Poupin, l’une des deux porte-paroles du parti. Alain Krivine, fondateur de la LCR, développe : « Le fait qu’il était ouvrier, ça comptait. On savait qu’il venait de Lutte ouvrière mais qu’il n’était pas exactement du même courant. C’était surtout un délégué syndical à la CGT. Après Besancenot, comme nous n’avions malheureusement pas de femme connue à l’époque, c’étaient des éléments convaincants. » D’ailleurs, Philippe Poutou en est tout à fait conscient : il a « le profil » pour succéder à Olivier Besancenot. Politisé dès le collège avec Stéphane Augagneur

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