Mais qui est donc le ministre de l’économie des médias ?
Celui qui passait inaperçu il y a quelques années est désormais l’une des figures les plus visibles de l’info économique. Au point qu’il avait un magazine à son nom sur France 2, « L’Angle éco ». Comment l’ancien étudiant en fac de lettres, spécialiste de Pascal, dépourvu de la moindre formation en sciences économiques, est-il subitement devenu le « Monsieur Économie » du PAF ? Charles a entrepris dans un numéro de 2017 de reconstituer son itinéraire. Par Ghislain de Violet. Photo Patrice Normand.
« Mais qui c’est, ce chauve ? »
Pour notre première rencontre, François Lenglet nous a donné rendez-vous un matin d’octobre dans un café de la place de la Madeleine. Non loin de la piscine où il s’astreint autant que possible à faire des longueurs avant le travail. L’éditorialiste de France 2 n’est donc pas qu’une (grosse) tête, il a aussi un corps. Celui-ci est enveloppé d’une chemise à col Mao qui donne à son propriétaire de faux airs de Blofeld, l’ennemi juré de 007 dans les romans de Fleming. Étienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point et l’un de ses amis, nous avait prévenus en ironisant : « François a une tête à jouer le méchant dans James Bond alors qu’il a un cœur d’or, il y a quelque chose qui ne va pas. » L’homme est tel que le décrivent ceux qui le connaissent : prévenant, à l’écoute, affable, mais pas séducteur, en un mot bienveillant. Il conclut fréquemment ses réflexions d’un « je crois », ou « je pense », comme s’il prenait soin de ne pas les imposer à son interlocuteur. On est loin des joutes parfois musclées qui l’opposent aux politiques en plateau. Quelques jours plus tard, à « L’Émission politique », c’est Marine Le Pen qui passait sur le gril de ses questions toujours courtoises (mais fermes) et de ses statistiques irrécusables.
C’était déjà face à la cheffe du FN que François Lenglet avait débuté dans « Des paroles et des actes », en 2011. L’émission de débat politique phare de France Télé a véritablement propulsé le journaliste dans la lumière. Le grand public découvre alors le « style » Lenglet : un vrai talent de vulgarisateur, une technique d’interview « à l’anglo-saxonne » (affable, mais tenace) et une capacité à coincer ses interlocuteurs avec les bons chiffres, puisés le plus souvent dans les bases de l’Insee ou de l’OCDE. En janvier 2012, François Lenglet est l’un des trois journalistes choisis pour interviewer Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Le vrai tournant de sa renommée, à l’en croire. « La presse entière se demandait :“Mais qui c’est ce chauve ?” Mon téléphone n’a pas arrêté de sonner pendant trois jours après ça », se remémore-t-il en ouvrant des yeux ronds, comme s’il n’en revenait toujours pas.
Chez les jésuites en Chine
Après quelques années à étudier les lettres à la Sorbonne et à rédiger un mémoire sur Blaise Pascal, François Lenglet passe un peu plus d’un an en Chine, dans une université jésuite de Shanghai. Il y enseigne la littérature française à des étudiants chinois. De là à vouloir embrasser une carrière de prof… « C’était plus la découverte de la Chine qui m’intéressait que l’enseignement lui-même », admet-il. En parallèle de son activité universitaire, le jeune expatrié pige pour plusieurs titres de la presse française, comme L’Express. Le moment est propice : la Chine des années 1980 s’éveille économiquement, les journaux français sont gourmands de reportages en provenance de l’empire du Milieu. À son retour dans l’Hexagone, François Lenglet a ses entrées dans plusieurs rédactions. Il travaille d’abord à Science et Vie Économie (supplément de Science et Vie, paru de 1984 à 1992) puis intègre L’Expansion en 1991 pour couvrir l’actualité internationale.
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