Son slogan ? « Not Just Politics as Usual » (pas de politique à l’ancienne). Retour sur le cousin américain de Charles.
George, magazine américain mensuel publié de septembre 1995 à janvier 2001, tire son nom du père spirituel de la nation, George Washington. Il est intimement lié à la personnalité de son fondateur et directeur de la rédaction jusqu’à sa mort accidentelle en 1999 : JFK Jr., surnommé John-John, le fils de John-Fitzgerald Kennedy. Voici l’histoire de ce journal, qui a inspiré en partie la revue Charles.
Par Vincent Dozol.
JFK Jr. est entré dans l’imaginaire américain avec une photo de 1963 : l’enfant lève la main droite pour un dernier salut militaire au cercueil paternel. Plus tard, il s’orientera vers le droit à l’Université de New York. Une voie plutôt originale pour un Kennedy. Les tabloïds s’interrogent sur ses aptitudes à faire autre chose que fréquenter des actrices et des top-modèles, d’autant qu’il échoue deux fois au barreau de New York avant de réussir le concours. Il quittera son poste d’assistant du procureur général de la ville en 1993. Jackie O. décède l’année suivante, et son fils devient le centre de l’attention médiatique du clan Kennedy. Avec son associé Michael Berman, dirigeant d’une firme de relations publiques, il décide alors de capitaliser sur son indécision et fonde la société Random Ventures (« investissements aléatoires »). Grand sportif, il souhaite produire en masse des kayaks faits main, puis s’aperçoit de la contradiction. Les deux hommes se tournent alors vers l’industrie des médias, sans expérience dans le domaine. Pendant deux ans, ils soumettent leur idée de magazine politique grand public à différents éditeurs de presse. JFK Jr. déjeune avec Victor Navasky, alors rédacteur en chef de l’hebdomadaire de gauche The Nation et professeur à l’école de journalisme de l’université Columbia. « Je lui ai conseillé de s’impliquer personnellement dans son futur magazine, car cela susciterait beaucoup d’attention, ce qui est toujours une bonne chose. Mais je ne pensais pas qu’il allait en devenir rédacteur en chef, et non simplement l’éditeur. Il s’en est bien sorti », explique ce vétéran de la presse.
La compagnie française Hachette-Filipacchi, filiale du groupe Lagardère, est la première à donner son accord. Elle promet l’investissement de 20 millions de dollars sur cinq ans. Daniel Filipacchi comprend que s’associer avec le jeune Kennedy, ce n’est pas tout à fait comme lancer un fanzine avec Albert de Monaco. Le président d’honneur d’Hachette reconnaît s’être embarqué dans l’aventure « un peu à contre cœur. Je l’ai fait uniquement parce que John-John était un type très sympathique, je l’aimais bien. Mais la politique me casse les pieds. Puisqu’on avait envie de le faire, il fallait essayer. »
« Les fondateurs de George sont persuadés que la majorité des Américains ne prêtent plus attention à la politique, sauf si elle arrive emballée dans la culture pop, principalement via Hollywood. »
George est inspiré par le nouveau contexte politique, les désillusions issues du Watergate couplées avec le pouvoir grandissant de l’industrie du divertissement. Au milieu des années 1990, la pop culture infuse plus rapidement et plus profondément dans le monde politique. « Si on devait retracer l’histoire de ce phénomène, on commencerait par la saga de John et Jackie Kennedy. C’étaient des célébrités comme aucun politicien américain avant eux. Venant de la haute société, ils ressemblaient à des stars de cinéma, qu’ils fréquentaient d’ailleurs. Cette relation entre la société du spectacle et la politique a passé la cinquième vitesse pendant l’administration Kennedy », souligne Richard Bradley. L’offre télévisée explose lors de la décennie 1990 : CNN fête ses dix ans d’existence, Comedy Central est créée en 1991, MSNBC en 1996, la même année que Fox News. Le vice-président
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