Christine Boutin : « Je suis une pécheresse »

À 70 ans, Christine Boutin n’a plus peur de rien. Et surtout pas de parler de sexe. La catho la plus tradi de la vème République, l’opposante historique au PACS, au mariage pour tous, jugée excessive et caricaturale par ses détracteurs entend en effet corriger son image : « Je ne suis pas une bonne femme dans le formol. » Dans cette interview pour Charles, elle évoque donc son corps, son mari, les mœurs politiques, DSK, l’homosexualité ou encore la prostitution. Avec une franchise quasi biblique.

PAR CAMILLE VIGOGNE LE COAT
PORTRAITS TOM BUISSERET

En 1999, vous confiez à la revue Tabloïd, un mensuel gay et lesbien : « Je suis une femme qui aime la vie et qui aime le sexe. » Pourquoi avoir décidé de le dire ? Pensiez-vous que les gens en doutaient ?

Bah oui. Parce que je suis catholique, que je défends la famille et le respect de la vie, on s’imagine que je suis une espèce de bonne femme dans le formol, que je ne connais rien de la vie, que je n’ai pas mes plaisirs ! Mais je suis comme tout le monde, j’aime la vie. Le journaliste m’a posé la question comme si j’étais une bonne femme qui ne connaissait rien de la sexualité, qui était hors du coup ! Alors, à un moment je lui ai dit : « Mais enfin monsieur, vous aimez le sexe, eh bien moi aussi ! » Évidemment, il a titré avec ça. Ce que j’ai voulu démontrer c’est qu’on peut très bien défendre des valeurs qui sont éternelles et ne pas pour autant rejeter tout ce qui est sexuel. La sexualité fait partie de la nature humaine. Je ne dis pas : « Mettez votre ceinture de chasteté ! » Au contraire, profitez de la vie, aimez la vie ! Le contraire serait bien dommage.

Vous avez subi des attaques très dures, très personnelles tout au long de votre vie politique. Comment le vivez-vous ?

Vous dire que c’est agréable, non. Qu’on s’y habitue, non. Vous dire qu’on s’endurcit, oui. En réalité, c’est le risque de toute personne publique. Et si on n’accepte pas la critique, même quand elle est injurieuse, il ne faut surtout pas faire de politique. Ça fait partie du jeu. Mais on ne s’y fait jamais. Heureusement, je suis très aidée par le fait d’être catholique. L’exercice du pardon est inhérent à ma foi. La politique m’a appris ça. Il y a trente ans, je n’y arrivais pas. Mais aujourd’hui je le fais, et c’est une très grande force. Vraiment je ne le dis pas pour faire bien, je le dis parce que je le vis. Et c’est ce qui me permet de supporter ! Parce que sinon ça serait insupportable.

Justement : au moment du PACS, Lionel Jospin vous traite de « députée outrancière dans ses propos et marginale » … Vous pleurez dans l’hémicycle. Vous ne vous étiez pas encore endurcie à l’époque ?

Je n’étais pas encore complètement endurcie, car les vraies attaques sont arrivées à ce moment-là. Il faut bien comprendre qu’une femme ou un homme politique reste une personne humaine. On était en plein débat sur le PACS, et outre les nombreuses nuits passées dans l’hémicycle, j’accumulais toute la tension nerveuse, politique et médiatique des derniers jours. Je n’étais nerveusement pas préparée à la déclaration de Monsieur Jospin dans

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