Tous les travailleurs n’ont pas la possibilité de télétravailler. Les prostituées en font naturellement partie. Des habituées du bois de Boulogne aux escort de la Côte d’Azur, la réalité diffère mais la santé passe bien souvent au second plan.
PAR BENJAMIN BADACHE PHOTOS THOMAS DÉVÉNYI
Après une semaine de confinement, le bois de Boulogne s’est vidé de ses promeneurs habituels, de ses joggeurs et de ses voitures. Il ne reste que certaines prostituées bulgares, des transsexuelles maghrébines et quelques garçons pour répondre à la demande de clients qui passent outre la consigne de confinement. « C’est difficile d’évaluer la fréquentation des clients, » confie Alexandra Chapeleau, salariée de l’association « Aux captifs, la libération » qui vient notamment en aide aux personnes en situation de prostitution. « De ce qu’on entend, les clients sont toujours là. Comme certaines personnes prostituées ne viennent plus, ça doit créer un équilibre. » Tania, transsexuelle officiant au bois, confirme : « Bien sûr qu’il y a toujours des clients. Les Français sont de gros obsédés. »
La question d’arrêter leur activité se pose difficilement. Ces travailleuses vivent souvent dans des hôtels, avec des loyers élevés, et un mois sans rentrée d’argent parait inconcevable. Alors, face à un virus aussi imprévisible, l’hygiène s’avère encore plus vitale. Mais là encore, ce devient un luxe tant il est illusoire de se protéger en enchaînant des rapports sexuels :