En direct de Montceau-les-Mines, épisode électoral numéro 5. Un premier tour lunaire.
A Montceau-les-Mines comme ailleurs, le 1er tour des municipales a eu lieu dans une ambiance pesante. Les électeurs se sont peu déplacés et ceux qui l’ont fait ont glissé leur bulletin dans l’urne la peur au ventre. Thomas Thévenoud qui connaît tous les rituels de ces journées d’élections raconte ce dimanche pas comme les autres, entre résignation et colère.
PAR THOMAS THEVENOUD PHOTOS BRUNO LE HIR DE FALLOIS
Depuis lundi, ça ne va pas fort. La maire de Montceau-les-Mines a beau être arrivée en tête du 1er tour avec 40 % des suffrages exprimés, elle ne se sent pas bien.
Elle a de fortes courbatures, des douleurs qu’elle n’a jamais connues, pas de fièvre mais une sensation de grande fatigue. Ce doit être la campagne ou peut-être le virus… Pas prioritaire, elle n’a pas été dépistée mais elle pense qu’elle l’a peut-être attrapé.
Au téléphone, Marie-Claude me donne des nouvelles des gens de sa liste que je connais : « Et Michel, vous vous souvenez de Michel ? Au début de la semaine, ça allait encore. Son état s’est brutalement dégradé jeudi. Il a du mal à respirer, il est à l’hôpital. J’ai peur qu’il l’ait attrapé en tenant le bureau de vote. »
Jusqu’au bout, elle a espéré que ces élections seraient annulées. Avec les services de la ville, consciencieusement, elle a tout préparé : les gants, les stylos à usage unique, le marquage au sol pour maintenir un mètre d’écart, le gel hydro-alcoolique pour se désinfecter. L’organisation a été irréprochable, de l’avis même de ses opposants.
Mais, secrètement, elle pensait que tout ça ne servirait à rien. La première à annuler son meeting, elle a donné le tempo d’une campagne qui n’en a jamais été vraiment une. En tant que présidente des maires de Saône-et-Loire, elle a alerté Paris sur les risques encourus par ceux qui allaient tenir les bureaux. En vain.
« Il avait raison de vouloir annuler. » Il, c’est le président de la République. Quand a-t-il pris la décision de maintenir ? A trois jours du scrutin, le jeudi 12 mars. Ce jour-là, le jeu des partis a été plus fort. Le vieux monde s’est cabré. Sollicités par l’Elysée, le président du Sénat, celui du Conseil constitutionnel, celui des maires de France ont refusé de donner leur accord à une suspension des élections.
Résultat, dimanche 15 mars 2020, après avoir entendu la veille le Premier ministre annoncer la fermeture des bars et des restaurants, beaucoup d’assesseurs sont venus en mairie la boule au ventre, en se posant la même question : « Pourquoi nous a-t-on fait voter ? »
Marie-Claude Jarrot, encore groggy, me répète la phrase plusieurs fois : « Tout ça n’a pas de sens. »
Ceux qui sont venus voter en témoignent : l’angoisse des assesseurs se ressentait dès l’entrée dans le bureau de vote. Le silence, les regards, les gestes précautionneux. « Ça ressemblait étrangement à des élections. » Etrangement, c’est l’adverbe qui convient. Habituellement, le matin d’une élection municipale, il règne toujours une excitation un peu particulière dans les bureaux de vote. Chacun se connaît
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