Les Femen ne sont plus en odeur de sainteté. À trop scander le rejet du patriarcat et de l’Église, les célèbres activistes aux seins nus ont fini par cabrer jusqu’à leurs plus fidèles soutiens. Deux actions dans des églises, à Notre-Dame puis à la Madeleine, ont obligé les politiques de droite, mais aussi de gauche, à se désolidariser de ce nouveau féminisme. Même François Hollande s’y est mis. Enquête.
PAR LAMIA BEHACENE
PHOTOS LAURENCE GEAI
Tout commence dans ce qu’elles appellent « le camp d’entraînement ». En plein cœur du quartier de la Goutte-d’Or, dans le XVIIIème arrondissement de Paris, les Femen ont transformé le Lavoir, théâtre destiné à la fermeture, en un véritable antre du féminisme nouvelle version. Punching ball marqué du sigle Femen et murs envahis de slogans, de photos et de dessins de couronnes fleuries. Cet endroit délabré est devenu un QG presque accueillant.
En ce samedi, la salle d’entraînement ne désemplit pas. Elles sont une dizaine de soldates prêtes à tout donner pour crier leur haine du patriarcat. Il y a les nouvelles et les aguerries qui mènent la séance d’échauffement à bras le corps en attendant la capitaine Inna. Avec le plus grand sérieux, elles sautent, courent au rythme des slogans « Free Amina », « Pope no more » et de « In Gay we trust ». En une farandole effrénée, la lutte aurait déjà commencé.
La présence de journalistes ne les dérange pas outre mesure. Elles n’y prêtent aucune attention. Et pour cause, il ne se passe pas un samedi sans que photographes, équipes de télévisions et autres plumitifs ne prennent place dans cet univers où la transpiration Femen sature l’atmosphère. Une séquence médiatique indispensable, nous expliquera-t-on.
À l’arrivée d’Inna, on lit l’émerveillement dans le visage de celles qui ont été séduites par ce new feminism. Pas de temps pour le blabla ! Devenue l’icône charismatique du mouvement, Inna conduit ses troupes comme si elle se préparait à aller au champ de bataille.
Face à ses nouvelles recrues, elle ne montre pas la moindre empathie. Inna n’est pas là pour plaisanter et elle le dit clairement : « Votre visage ne doit pas sourire. Vous devez imaginer que ces hommes en face de vous vont se précipiter sur vous. »
Alors, gare à celle qui ne mettrait pas assez d’expression sur son visage. Le visage doit suivre la parole. Les unes en face
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