Avec une bande de copains septuagénaires (Patrick Le Lay, Olivier Mazerolle et Jacques Séguéla), Bernard Tapie s’est emparé du groupe de presse La Provence. Pour quoi faire ? De la politique ? Des affaires ? Enquête sur un débarquement en fanfare à Marseille, à quelques mois des municipales.
PAR JEAN STERN
ILLUSTRATIONS NICOLAS ROUSSEEUW
« Moi, je suis plus Marseillais que vous, car moi, de Marseille, je connais aussi les Baumettes. » La saillie de Tapie ne fait vraiment pas se boyauter les journalistes de Marseille. Capitale européenne de la culture 2013, parée de son élégant Mucem dessiné par Rudy Ricciotti, de son magnifique miroir géant imaginé par Norman Foster sur le Vieux-Port, Marseille préférerait oublier sa lamentable prison, la corruption d’élus socialistes, comme le président du Conseil général Jean-Noël Guérini (Guérini est mis en examen mais pas condamné pour l’instant) ou la député Sylvie Andrieux, et autres rafales de Kalachnikov qui ont fait une quinzaine de morts depuis le début de l’année. Manquait plus que le tonitruant come-back de Tapie aux commandes du principal quotidien local, La Provence, pour gâcher la fête de la ville, de ses élus et de ses journalistes.
Tapie croyait à un retour triomphal. Au début de l’année, il avait même songé à diriger le journal à bord de son fastueux yacht de 76 mètres, The Reborn. Il voulait l’ancrer dans le Vieux-Port, face à la mairie, comme au bon vieux temps du Phocea, son immense catamaran, et de l’OM, quand Marseille aimait Tapie. Mais le bateau est sous scellés depuis fin juin 2013…
La nostalgie surjouée de Tapie chantant son « amour » de Marseille jusqu’aux cellules de sa prison fait flop devant l’assemblée générale des personnels de La Provence rencontrant début 2013 in situ son nouveau propriétaire. « On a beau le savoir, l’avoir déjà écouté mille fois à la télé, c’est tout de même assez ahurissant de l’entendre parler », commente un salarié présent ce jour-là. « Ce qui frappe, poursuit un cadre de La Provence, c’est que nous avons en face de nous un vieux monsieur, qui fait un peu penser à Berlusconi, botoxé, lifté ». Tapie a déjà 70 ans et pas sûr non plus que Marseille ait toujours envie de son « amour ».
Prendre le contrôle d’un journal de Marseille, l’un des deux quotidiens de la ville avec La Marseillaise, n’est pas stupide pour entretenir la flamme en dépensant une petite partie des 403 millions gagnés grâce à un arbitrage dans le dossier Adidas aujourd’hui contesté par la justice. Tapie s’inspire ainsi de l’ancestral Defferre. Maire de Marseille quelques mois à la Libération, puis de
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