La ligne d’Atlantico

Le site Atlantico est le dernier né des « pure players » français. Son cofondateur, Pierre Guyot, raconte ici la gestation et le lancement de ce site pour qui capitalisme et libéralisme ne sont pas des gros mots, et que ses concurrents ont rangé à droite de l’échiquier politique. Un classement restrictif, selon lui.

PAR PIERRE GUYOT
PORTRAIT PATRICE NORMAND / TEMPS MACHINE

« Qu’est-ce que ça boit, un patron du CAC 40 ? » Cette question saugrenue, je me la pose au beau milieu de l’été 2010 dans les rayons d’une supérette en face de mon bureau parisien. La veille, Jean-Sébastien Ferjou, devenu depuis directeur de la publication d’Atlantico, m’a appelé sur mon lieu de vacances pour me fixer rendez-vous : il veut que nous présentions ensemble le concept de notre futur site d’information au président d’un gros groupe industriel qui envisage d’investir dans le projet. Un billet d’avion, une bouteille de Chablis et nous voilà tous les deux face à l’homme d’affaires.

Depuis quelques mois que nous les répétons, nos arguments commencent à être rodés. Nous entamons notre numéro de duettistes. Pas question pour Atlantico de se lancer dans une couverture exhaustive de l’actualité ou de faire de la resucée de dépêches AFP : les internautes n’ont déjà que l’embarras du choix pour ce genre de propositions et nous n’avons ni l’envie ni les moyens de concurrencer sur ce terrain les médias existants. Atlantico sera principalement consacré à l’analyse, au décryptage et aux opinions.

Les réussites aux États-Unis de sites d’information tels le Daily Beast, Politico ou le Huffington Post dont l’audience sur Internet dépasse déjà celle du Wall Street Journal ou du légendaire Washington Post, ont beaucoup inspiré Jean-Sébastien Ferjou, à l’origine de l’idée première d’Atlantico. Les articles de notre site ne seront donc que rarement rédigés par les journalistes de notre équipe, mais le plus souvent par des universitaires, des intellectuels, des responsables politiques, les acteurs d’un secteur économique… Cet intérêt pour l’intervention