Entretien avec Daniel Schneidermann

Fondateur du site Arrêt sur images, chroniqueur média à Libération, Daniel Schneidermann est depuis vingt ans l’un des observateurs les plus implacables et scrupuleux du paysage médiatique français. Pour Charles, il revient sur les liens très français unissant politique et journalisme.

PAR MARC ENDEWELD
PORTRAITS SAMUEL GUIGUES 

Que pensez-vous de l’évolution de « l’indépendance » des journalistes, ces dernières années, par rapport aux pouvoirs politiques et économiques ?

Vous ne voulez pas que je vous parle plutôt de l’indépendance des politiques par rapport aux journalistes ? Car on peut inverser la question. On peut tout à fait imaginer que ça se passe dans l’autre sens, et que le véritable pouvoir ne soit pas là où on le pense habituellement, et qu’en fait les journalistes ont plus de pouvoir que les politiques. C’est une façon de voir le film, aussi. Qui a plus de pouvoir entre un ministre qui passe et Jean-Michel Aphatie ? Vous allez me dire que je suis obsédé (rires). Prenons Elkabbach. Qui a plus de pouvoir entre Delphine Batho et Jean-Pierre Elkabbach ?

Vous avez l’impression que Jean-Pierre Elkabbach conserve une surface, une influence aujourd’hui ? Est-ce qu’ils font encore « l’opinion », ces journalistes ?

En fait, non, vous avez raison. L’influence des uns, c’est-à-dire les journalistes, a finalement décru en même temps que le pouvoir des autres. Les dix qui tiennent les entrées du manège gardent quand même le pouvoir de décider qui pourra pénétrer dans le manège, et de la fréquence des invitations des participants au dit manège. Mais à partir du moment où le pouvoir des participants du manège se réduit à peu de choses, tout cela forme une espèce de « microcosme ». On utilise souvent ce mot, mais il n’est pas faux. Et le pouvoir d’inflexion du réel par le microcosme décroît simultanément.

Vous avez écrit une chronique dans Libération où vous parliez d’une « liste noire d’invités sur France Inter », suite à un échange dans l’émission « C à vous » entre le journaliste de radio Patrick Cohen et le présentateur de « Ce soir ou jamais », Frédéric Taddeï, le premier expliquant que les médias n’avaient pas à inviter tout le monde… La posture de Cohen est-elle tenable encore aujourd’hui ?

Là, on ne parle plus uniquement des rapports entre journalistes et politiques, je vous signale. Mais oui, sa posture est encore tenable. La

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