Star de la politique des années 80, François Léotard aurait pu devenir président de la République. La mort de son frère Philippe, avec lequel il avait une relation fusionnelle, ainsi qu’un grand nombre de procédures judiciaires qui lui collent toujours à la peau, l’ont fait disparaître des radars depuis une bonne dizaine d’années. Aujourd’hui, il écrit en solitaire ou navigue avec des amis. Nous l’avons retrouvé.
PAR MALIKA MACLOUF
« Je ne vous ai pas fait attendre, j’espère ? « Bien sûr que non. François Léotard est trop courtois pour cela. Avec L’Éthique à Nicomaque d’Aristote sous le bras, il arrive, parfaitement ponctuel. Nous tend Habitare Secum, son dernier ouvrage ‒ un ensemble de petits portraits sous forme de nouvelles, paru en 2011 ‒ et plaisante : « Ce n’est pas grand-chose, vous pouvez le jeter si vous voulez ! ». Il est élégant comme on imaginait le « grand Léo », portant admirablement ses 70 ans. Il fait bon, dans ce café des beaux quartiers, à deux pas de Saint-Germain-des-Prés. Léotard a quitté momentanément sa résidence principale de Fréjus pour une série de rendez-vous mondains parisiens et aussi, plaisir suprême, pour voir son fils, déjà grand. « Vous prendrez bien un petit croissant ? », invite-t-il avant de mordre lui-même dans la viennoiserie dont il laissera l’essentiel. « Il y avait hier une cérémonie pour décorer un type de gauche que j’aime bien, explique-t-il. À peu de choses près, j’étais la seule personnalité de droite et ça m’a attristé : je me demandais à quoi avait servi tout ce que j’avais fait en politique – je pense qu’il n’en restera rien ! » Au-dessus de ses vêtements sombres – une veste noire recouvrant un col roulé de la même teinte ‒ son regard clair et pénétrant appuie le récit d’une vie désormais loin de l’arène. La conversation se noue tranquillement, à la fois civile et politique, badine et philosophique. On se laisse même proposer une visite à Fréjus, pour y voir l’ancien ministre dans sa propriété du Var, que l’on dit magnifique, et le resituer dans son fief.
Une semaine plus tard, l’humeur n’y est plus. L’homme n’a rien perdu de sa prévenance mais il est perceptiblement tendu. A oublié la raison de ce deuxième rendez-vous ‒ nous indiquer qui contacter, dans le cercle de ses proches, pour enrichir ce portrait. C’est que, même rangé des voitures depuis douze ans, François Léotard est loin de sombrer dans l’oubli. La veille, Le Monde a rapporté une empoisonnante affaire liée à feue sa carrière politique : quinze jours plus tôt, indique le journal dans son édition du 13 février, « Les policiers de la division nationale des investigations financières et fiscales ont mené une nouvelle perquisition au domicile de l’ancien ministre de la Défense (1993-1995) d’Édouard Balladur, à Fréjus (Var). Ils agissaient sur commission rogatoire des juges parisiens Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, qui postulent que plusieurs contrats d’armement signés sous le gouvernement Balladur ont donné lieu à des détournements de fonds, via des commissions versées à certains intermédiaires. Les magistrats estiment qu’une partie de la campagne présidentielle malheureuse de M. Balladur, en 1995, aurait été financée par
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