Charles demande à des écrivain.e.s d’écrire une nouvelle qui s’intitule à chaque fois : « Après la révolution ». D’imaginer ce futur du futur où toutes les portes seront ouvertes. Fidèle à l’esprit des Beatles et de leur fameux Revolution #9, chaque nouvelle portera un numéro. Voici donc Après la Révolution #1.
Quand on chantait « du passé faisons table rase », j’ignorais qu’on allait raser à ce point. Putain, on a vraiment tout cramé ! Faut dire que le gouvernement Macron a jeté de l’huile sur le feu quand le ministre du Travail a baissé le montant du SMIC à 7 centimes de l’heure et repoussé à 92 piges l’âge de départ à la retraite. Franchement, ce n’était pas futé de sa part. Ils sont cons des fois, les politiques. Ils étaient. Heureusement, les choses changent, nous traversons une période de transition un peu brumeuse, mais préparons l’avenir. Le nouveau monde sera humaniste, libertaire, égalitaire et solidaire, j’en suis certain. En attendant cette ère plus jouasse, nous reconstruisons, nous décentralisons. Réunis boulevard de la Chapelle, sous le métro aérien – pardon, sous l’ancien métro aérien –, nous, la cellule du XVIIIème arrondissement, organisons la renaissance du quartier sous l’autorité du maquisard Hervé Royon, le même qui a commandité l’attaque contre le commissariat de la Goutte d’Or. Perché sur une estrade, notre héros local domine l’assemblée humaniste, la bouche collée contre son mégaphone :
– On s’installe à l’école Pierre Budin !
– Impossible, M. Royon ! l’interrompt Carole. L’école a été brûlée, vous vous souvenez ?
– Ah oui, c’est vrai… Bon, alors, on s’établit à l’hôpital Bichat.
– Brûlé aussi !
– Ah mince… Le gymnase Ronsard ?
– Brûlé !
Le chef Royon caresse sa longue barbe ébouriffée et réajuste son béret :
– La bibliothèque, on l’a brûlée aussi ?
– Ah nan ! La bibliothèque, nan, on l’a pas brûlée. Par contre… c’est tout comme !
C’est vrai, nous, révolutionnaires du printemps hexagonal, n’y sommes pas allés de main morte. On a détruit, beaucoup, pillé, cramé, saccagé, pour la bonne cause, bien sûr. Comme dit si bien Ousmane : « On fait pas d’bifteck sans charcler des bœufs ». Les sourcils froncés, le charismatique Royon se tait un court moment – il gamberge – puis, comme d’habitude, finit par nous trouver une solution :
– Dans ce cas, nous établirons notre quartier général ici, sur le boulevard de la Chapelle, que nous allons
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