À 65 ans, l’ancien journaliste Noël Mamère est un curieux spécimen de la famille écolos. Après avoir voté Chaban-Delmas en 1974, il a passé ses premières années en politique aux côtés de Brice Lalonde, Jean-Louis Borloo et Bernard Tapie. Son histoire avec les Verts a connu un sommet avec la présidentielle de 2002, et s’est achevée dix ans plus tard dans une rupture fracassante avec ce qu’il appelle « la firme » de Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé. Entretien.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER FAYE
PORTRAITS PATRICE NORMAND
Vous avez quitté Europe Écologie-les Verts en octobre 2013. À quoi cela a-t-il servi, dans la mesure où vous siégez encore avec eux à l’Assemblée nationale et avez soutenu certains candidats écologistes aux européennes, comme José Bové ?
Je n’étais pas d’accord avec la ligne politique qui consistait à rester obstinément au gouvernement malgré toutes les difficultés et les couleuvres à avaler. Je n’étais pas d’accord avec le mode de gouvernance interne d’Europe Écologie-les Verts, que j’ai qualifié d’une expression qui est depuis devenue courante, « la firme ». Mais ce n’est pas parce que je ne suis plus membre d’EELV que je ne suis plus écologiste, bien au contraire. Il n’est pas obligatoire d’être membre du parti pour faire partie du groupe à l’Assemblée. Et je suis allé soutenir José Bové parce que je considère que les Verts ont fait du bon travail au Parlement européen, qu’ils méritent d’être soutenus. Ça ne m’empêche pas, de plus, de bien travailler avec Cécile Duflot, qui a finalement rejoint la ligne que je défendais en choisissant de quitter le gouvernement.
Vous avez donc contribué à faire bouger les lignes ?
Il faut faire preuve d’humilité en politique, ma décision n’a pas bousculé l’ordre des choses. Dans cette société où l’on est saisi par le vertige de l’immédiateté, par l’ivresse de la précipitation, cette affaire a duré quarante-huit heures. Elle a provoqué beaucoup de mousse, beaucoup de presse, puis cela s’est éteint. Je suis sans illusion. C’est une décision politique. S, si elle a pu amener le parti à une réflexion, je ne peux que m’en féliciter.
Daniel-Cohn Bendit, Dominique Voynet, vous-même, avez tous pris une forme de recul par rapport au parti ou à la vie politique. Est-ce que c’est un simple changement générationnel ou une évolution de l’ADN d’EELV ?
C’est sans doute une page qui est en train de se tourner, en effet. Dominique Voynet n’est pas tout à fait de la même génération que Dany et moi, même si elle fait partie de la même génération de dirigeants et responsables. Je n’ai jamais dirigé ou fait partie des instances dirigeantes, je ne suis pas un homme d’appareil. J’étais un peu comme Dany, une voix pour les Verts. Je me considère plus comme un passeur que comme un porte-flambeau. Il faut accepter l’idée que de nouvelles générations arrivent et qu’il faut leur laisser la place. Ce n’est pas par lassitude que je me suis éloigné d’EELV, ni par dépit. C’est par colère plus qu’autre chose. Ce n’est jamais plaisant de quitter un parti que l’on a représenté à l’élection présidentielle, comme ça a été mon cas en 2002. Un départ représente toujours un échec.
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