L’imam de la mosquée de Poitiers, Boubaker El Hadj Amor, est l’un des dirigeants historiques de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), souvent accusée d’être proche des Frères musulmans. Celui qui est par ailleurs maître de conférence dans une grande école d’ingénieurs s’explique sans langue de bois sur le terrorisme, les jeunes en voie de radicalisation, le mariage homosexuel, l’antisémitisme ou encore les influences étrangères qui ligotent toujours la communauté musulmane de France.
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE FABRY
PHOTOS GABRIEL FABRY
Vous n’êtes pas très présent dans les médias. Pouvez-vous revenir sur votre parcours et votre engagement au sein de l’UOIF ?
À mon arrivée en France, en 1974, j’étais un jeune étudiant tunisien qui venait faire ses études de mathématiques grâce à une bourse de l’État français. Après ma thèse, j’ai commencé à enseigner dans plusieurs universités, ce que je continue de faire aujourd’hui à l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique à Poitiers. Je suis marié et j’ai quatre enfants. Voilà pour mon CV. Quant à mon engagement dans le milieu associatif musulman, il a pris forme lorsque je rédigeais ma thèse à Bordeaux. À l’époque, nous n’étions, avec les étudiants et les ouvriers musulmans, qu’une communauté étrangère avant d’être une véritable présence religieuse en France. Le cadre juridique de l’époque rendait la création d’associations composées d’étrangers très difficile, avec une procédure laborieuse et une enquête approfondie et systématique des RG. L’islam, en réalité, n’était qu’une religion d’immigrés, avec ses mosquées Sonacotra, comme on les appelait à l’époque. L’islam n’existait pas sur le plan institutionnel et le milieu associatif était faible, indigent.
Du coup, qu’est-ce qui vous a permis de vous structurer ?
En 1981, avec l’élection de Mitterrand, la loi sur les associations s’est nettement assouplie. Ce qui a créé un véritable appel d’air pour les musulmans qui voulaient organiser la vie du culte et permis la création d’une multitude de structures. En 1982, nous avons créé l’Association des musulmans de la Gironde avec plusieurs amis et installé notre première mosquée, en plein centre-ville de Bordeaux. Mosquée dont le recteur est aujourd’hui Tareq Oubrou, très actif et présent dans les médias et dans la vie intellectuelle. Notre initiative et tout un tas d’activités liées à la pratique du culte (les commerces halal, les librairies musulmanes, quelques écoles coraniques) ont essaimé dans de nombreuses villes. Mais notre mouvement restait trop éclaté et c’est là qu’est née l’idée de créer une fédération des associations musulmanes existantes. Au départ, nous n’étions qu’une dizaine d’associations, mais peu à peu, plusieurs autres ont rejoint l’UOIF pour partager leurs expériences sur le
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