Frigide Barjot est au placard

Quatre ans après la Manif pour tous, son ancienne égérie Frigide Barjot continue son combat et réclame l’union civile pour les couples de même sexe en lieu et place du mariage. Avec la candidature de François Fillon, cette chrétienne « reconvertie » a entrevu un espoir… Elle reçoit Charles longuement à son domicile parisien du XVème arrondissement, assise au bord de son canapé. Quelques jours après les fêtes de Noël, installée à côté d’un immense sapin habillé d’une crèche fournie, elle revient notamment sur l’épisode très politique de son éviction de « la Manif ».

PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE SIRAUD
PHOTOS TOM BUISSERET

Comment va Frigide Barjot ?

Après les manifs de 2013, ils ont tué Frigide Barjot. Elle est au placard pour un bon moment. Moi, aujourd’hui, je suis Virginie Tellenne. Vaillante jusqu’au bout pour réformer la loi sur la filiation humaine. Combattante pour supprimer l’article 6-1 du Code civil afin que l’adoption plénière (qui efface un ou deux parents géniteurs sur l’acte de naissance) ne soit pas attribuée aux couples homosexuels, mais remplacée par un mandat d’éducation ou une adoption simple. Mon nom de scène a permis le soulèvement populaire, mon nom de femme mariée est engagé jusqu’à la réforme de la loi.

Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?

Il faut revenir à mon histoire personnelle. Je suis issue de deux environnements antagonistes : je suis née dans une famille de tradition chrétienne, mais ne suis pas de culture catholique. Je n’étais ni chez des observants ni chez des pratiquants. J’ai grandi dans un milieu bourgeois post-catholique. Nos vies, notre quotidien n’étaient absolument pas touchés par le religieux. C’était dans les années athées 70. On allait vaguement à la messe en famille pour Noël et Pâques, mais personne ne m’a expliqué la religion. J’étais dans des écoles catholiques privées… de Dieu. Dès mes études supérieures, je me suis mise à faire la fête. Et où la faire mieux que dans les milieux gays ? Il y a une sorte d’attirance mutuelle entre les homos et moi. Je suis une « ambianceuse » gouailleuse, mon tempérament leur plaît. Une sorte de Madonna ou Lady Gaga catho ! Je m’entends très bien avec eux. En fac à Lyon, mon premier amoureux Philippe s’est révélé homosexuel. À Paris, en cours à Science Po le jour, j’intègre les milieux gays la nuit. Je danse sur le piano devant Laurent Ruquier au Banana Café, je vais aux Bains avec Pierre Moscovici, je fais la fête avec Beigbeder au Caca’s Club… Mais surtout je découvre Basile de Koch et le groupe Jalons qui brasse les milieux intellos, cathos et gays, tout cela à la fois. Je pense que l’irruption de la foi m’est venue de ce choc-là. Dieu est au cœur. Pour moi, il est tout autant sur le dancefloor du Palace, dans les pages du Monstre (la parodie du Monde de Jalons – NDLR) que dans un confessionnal. Une évidence, quelque chose s’est petit à petit imposé à moi de manière intangible. Dans mes griseries nocturnes et dans l’humour intelligent de Basile, j’évitais de voir

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