Voilà dix-sept ans qu’il milite à travers son journal Fakir et bien sûr son désormais célèbre film contre Bernard Arnault, Merci patron ! Après le phénomène Nuit debout dont il est le fomentateur avec Frédéric Lordon, François Ruffin, 41 ans, veut désormais exercer un mandat de député. C’est le jour de la mort de Fidel Castro que ce protectionniste convaincu a rencontré Charles entre deux trains, dans une brasserie en face de la gare du Nord. Il avait des piles de livres dans son sac à dos. Et il a récité du Victor Hugo.
PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE SIRAUD
PHOTOS SOPHIE CARRERE
Dans le numéro de décembre de votre journal Fakir, vous écrivez que vous réfléchissez à vous présenter aux élections législatives en juin, dans la première circonscription de la Somme, à Amiens, où vous habitez…
Je répète souvent : « Mon adversaire, c’est toujours la finance, mais c’est surtout l’indifférence. » Et pour combattre cette indifférence, je suis prêt à prendre toutes les armes possibles : une manif, un film, un journal, et là, manifestement, cette année, ça va pas mal se passer dans les urnes.
Votre but jusqu’ici était de créer un mouvement social de grande ampleur… Comment passe-t-on de ce combat à celui d’une campagne électorale ?
La bataille a plus de sens que le mandat en lui-même. On inscrit tout cela dans le cadre d’une citation de Victor Hugo, tirée des Misérables : « Tenter, braver, persister, persévérer, s’être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise. »
« Étonner la catastrophe… », qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Il faut repartir des élections régionales de décembre 2015. Dans ma région, la Picardie – je refuse de parler des Hauts-de-France –, Marine Le Pen arrive en tête dans tous les départements, elle frôle l’élection. Le Figaro et L’Humanité titrent le lendemain « Le choc ». Mais cela n’a pas été un choc pour moi ! C’est quelque chose que l’on sent quand on est à Amiens, contrairement à Paris. Ça s’est joué à un poil de cul. Et nationalement, le FN a fait 51% chez les ouvriers qui sont allés voter. On en est là. Avec le journal Fakir, nous avons une responsabilité, au moins locale. Si l’on continue ainsi, l’issue, on la connaît. Ma région est un miroir grossissant de la France. « Étonner la catastrophe », c’est une injonction qu’on s’impose à nous-même.
Est-ce que vous comprenez ce vote FN, notamment chez vous, à Amiens ?
Bien sûr que je le comprends, même si je préfèrerais que la colère trouve une autre expression. Mais dans
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