Journaliste, écrivain, comédien et passionné d’archives, Christophe Bourseiller est un touche-à-tout aux curiosités tenaces. Auteur d’une trentaine d’ouvrages dédiés aux contre-cultures et à ceux qu’il appelle « les ennemis du système », il vit avec l’extrême gauche depuis sa tendre enfance, passant d’un penchant maoïste puis libertaire à une posture critique. Enseignant à Sciences Po, ses conférences portent sur les extrémismes politiques, quand son dernier ouvrage se propose de décrypter le phénomène du complotisme. Il a accepté de nous parler de son rapport, personnel et analytique, à la gauche radicale.
PROPOS RECUEILLIS PAR SOIZIC BONVARLET ET FANNY SALIOU
PHOTOS PATRICE NORMAND
Quel est votre rapport personnel à l’ « extrême gauche » ?
J’ai eu une jeunesse d’extrême gauche. J’ai grandi dans une famille d’extrême gauche parce que c’était à la mode. Dans les années 60, quand j’étais enfant, mes parents étaient gauchistes, soixante-huitards. Tout le monde étant d’extrême gauche à la maison, je l’étais aussi. J’ai eu la chance de naître dans une famille de gens du spectacle, et bien que n’ayant jamais été baptisé, mon parrain était Jean-Luc Godard. Il m’a offert Le Petit Livre rouge en 1965. Il était allé le chercher à l’ambassade de Chine qui venait d’ouvrir à Paris et me l’a tendu en disant : « Tiens Christophe, c’est pour toi, tu l’expliqueras à tes parents. » J’avais 7 ans. J’ai gardé cet exemplaire du Petit Livre rouge, mais je l’ai trouvé tellement nul que j’ai eu un peu de mal à l’expliquer à mes parents. En outre, j’ai eu la chance dans cette même période de tourner avec Godard, notamment dans Une femme mariée, Deux ou trois choses que je sais d’elle et Week-end, films dans lesquels je tiens des discours politiques, en l’occurrence d’extrême gauche. J’ai donc eu une enfance communiste à tendance maoïste. Et c’est ainsi qu’à l’âge de 11 ans, je me définissais, comme maoïste. Je détestais les trotskistes, je les déteste d’ailleurs toujours. Ma période maoïste a duré jusqu’à mes 12 ans, durant laquelle j’ai créé un journal, tiré à un seul exemplaire, La Lutte, et un mouvement dont j’étais le seul membre, le « Parti communiste marxiste-léniniste-maoïste-stalinien ». Le PCMLMS. C’était dans la période de l’après 68 durant laquelle tout le monde était très politisé, y compris les gens très jeunes. Moi, à l’âge de 12 ans, j’engloutissais tout mon argent de poche dans les librairies d’extrême gauche !
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