Tout a commencé par une simple pétition mise en ligne par Caroline de Haas contre la loi Travail. Au compteur de ce détonateur virtuel appelé « Loi Travail : non merci ! », plus d’un million de signatures. Une première pour ce type de mobilisation ? Oui et non ! De nombreuses pétitions manuscrites ont autrefois battu ce score. Voici donc une brève histoire de la pétition.
PAR ZVONIMIR NOVAK
Les pétitions apparaissent en France au XVIème siècle sous la forme de suppliques envoyées au roi. Inutile de préciser qu’à l’époque des monarchies absolues, il fallait le faire avec déférence et prendre toutes les précautions pour ne pas finir aux galères. Ces pétitions ressemblent à des doléances. Elles implorent le bon roi d’intercéder dans des mesures jugées arbitraires ou lui demandent d’intervenir pour obtenir une grâce. Le roi étant considéré comme à la fois le père, le fils et le Saint-Esprit, cette relation de dépendance se retournera avec le temps. Plus tard, c’est aux parlements que sont adressées les pétitions. Durant les années 1787 et 1788, quelques mois avant la déferlante révolutionnaire, le nombre de pétitions augmente anormalement ; un signe précurseur ? Certainement. Mais surtout elles prennent un tour nettement politique. Un certain Guillotin, connu pour avoir fait adopter la guillotine pendant la Révolution, est resté célèbre pour sa « Pétition des six corps », écrite en décembre 1788. Il réclame des réformes d’urgence, mais hélas pour la tête de Marie-Antoinette, il ne sera pas entendu. Trop tard, la Révolution de 1789 éclate et la pétition, considérée comme la colonne vertébrale de la souveraineté populaire, devient un droit inaliénable et fait désormais partie des libertés fondamentales, les demandes des citoyens étant considérées comme l’expression sacrée de la nation souveraine. Alors se met en place une pratique inimaginable aujourd’hui : les pétitions et doléances qui s’amoncellent sur les bureaux du Tiers-État sont prises en compte dans l’élaboration des lois. La Constitution de 1793 fait d’ailleurs du droit de pétition un procédé de gouvernement semi-direct.
Manuscrites à la plume ou bien imprimées, sur le ton de la harangue ou de l’invocation, les pétitions affluent. Dix mille citoyens de Lyon demandent à la Convention nationale de presser le jugement de Louis Capet (le roi Louis XVI). Là, une mère intervient auprès du Directoire pour faire libérer son fils. Certaines pétitions sont vraiment surprenantes. En mars 1792, des femmes adressent une pétition à la Convention. Elles réclament des armes pour défendre la Constitution et créer des compagnies d’amazones. Réponse ferme et négative : « Gardons-nous d’intervertir l’ordre de la nature. » Ceux qui s’autoproclament les
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