Il n’est resté ministre que neuf jours seulement. Deux ans après son départ du gouvernement, Thomas Thévenoud revient sur son parcours où les questions d’argent auront tellement compté. On y trouve d’ailleurs une constante : celle de la fiscalité. De ses débuts à l’Assemblée en tant que spécialiste du sujet à sa chute pour les raisons que tout le monde sait, le député de Saône-et-Loire analyse sa « phobie administrative » en espérant ne pas rester à la postérité que pour cette seule expression.
Propos recueillis par César Armand
Enfant, gagniez-vous de l’argent de poche ?
Non. Chez moi, il n’y avait pas ce système.
Vous souvenez-vous de votre premier job ? Quels types de petits boulots avez-vous faits ?
À Montceau-les-Mines, j’ai aidé un libraire plusieurs années de suite lors des vacances et des périodes de fêtes. Depuis, je sais faire les paquets cadeaux. J’ai aussi fait les vendanges. Chez moi en Bourgogne, j’ai ramassé les raisins ; en Champagne, je les ai pressés. Sinon, j’ai réalisé un stage rémunéré en sous-préfecture quand j’étais étudiant à Sciences Po.
Justement, dans votre livre Une phobie française, vous écrivez : « C’est là [à Sciences Po Paris] que je comprends que je suis de gauche : pour ne pas laisser le dernier mot à l’argent. » Pouvez-vous préciser ce que vous voulez dire par là ?
Quand mes filles me demandent : « Papa, quelle est la différence entre la gauche et la droite ? », j’en reviens toujours à cette question de l’argent. Puisque tout le monde n’a pas la chance d’arriver dans ce monde avec les mêmes chances ou l’opportunité de naître dans une famille aisée qui a les moyens, la gauche est là pour corriger les inégalités financières. Le dernier mot ne peut donc être laissé à l’argent.
Votre première manifestation est d’ailleurs rue Saint-Guillaume pour défendre les bourses au mérite. Quel souvenir gardez-vous de ce jour-là ?
Fils d’une mère pharmacienne – à la retraite depuis – et d’un père travaillant – toujours – à la mission locale à l’emploi des jeunes, je pense appartenir à une famille de la petite bourgeoise de province. Ce ne sont pas des héritiers, mais mes parents sont propriétaires tous les deux et ne vivent pas trop mal. Ma mère a acheté une pharmacie qu’elle est en train de rembourser, et avec mon père, ils viennent d’acquérir une maison en Bretagne pour les vacances. Alors quand j’arrive à Sciences Po Paris et que je remplis le formulaire de demande de bourse au mérite, propre à la rue Saint-Guillaume, et que je l’obtiens, je me rends compte que même si je ne bénéficie pas du taux plein, je fais partie des élèves les moins aisés.
À la fin de vos études en 1997, vous devenez collaborateur parlementaire en circonscription. À quoi ressemble alors votre quotidien?
André Billardon, député-maire du Creusot (de 1995 à 2002 – NDLR), me « sous-traite » une partie de sa troisième circonscription de Saône-et-Loire. Je couvre
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