Longtemps la questure aura été opaque, au point qu’on la disait phagocytée par la franc-maçonnerie. Maintenant que la Cour des comptes peut mettre son nez dans ses affaires sans pour autant discuter les choix d’une Assemblée souveraine, elle l’est un peu moins. Enquête sur les trois députés questeurs (deux de la majorité, un de l’opposition), ces superintendants de l’Assemblée nationale, qui gèrent un budget annuel de plus de 500 millions d’euros, bénéficient comme le président d’une voiture avec chauffeur et logent dans le magnifique hôtel de la questure.
PAR JEAN-BAPTISTE DOULAS
ILLUSTRATIONS ANNE-GAËLLE AMIOT
En juin 2017, les députés fraîchement élus voyageront dans le temps en arrivant au palais Bourbon. Projetés en plein XVIIIème siècle, ils découvriront la cour d’honneur de l’Assemblée nationale telle qu’elle avait été dessinée à la construction du palais des ducs du Bourbonnais : intégralement recouverte de pavés majestueux, sans les pelouses et les massifs de fleurs d’aujourd’hui. La réfection de l’étanchéité de la cour d’honneur aurait tout aussi bien pu donner lieu au maintien des pelouses actuelles. Ou, au contraire, à des folies architecturales. Mais ainsi en ont décidé Bernard Roman, Marie-Françoise Clergeau et Philippe Briand.
Peu connus du grand public, ces trois députés ont fait la pluie et le beau temps sur l’aménagement de l’Assemblée nationale depuis juin 2012. C’est l’une de leurs nombreuses prérogatives de questeurs. Désignés par leurs pairs, ils sont chargés de l’intendance. La légende veut que pas une ampoule ne puisse être changée sans qu’ils n’en soient mis au courant. « Claude Bartolone dit toujours : “Je ne peux pas dépenser un euro sans que les questeurs ne m’en donnent l’autorisation !” », souriait le premier questeur socialiste Bernard Roman en juin dernier, quelques jours avant d’abandonner son mandat pour partir diriger l’Arafer. Son prédécesseur UMP, Richard Mallié, a coutume de comparer l’Assemblée nationale à une mairie, dont les députés seraient les administrés et les questeurs se partageraient la fonction de maire avec le président. Le président assume la direction politique de l’Assemblée pendant que les questeurs, eux, en assurent la gestion. « C’est de la basse besogne au service de la haute besogne que fait le législateur », résume Claude Gaillard, questeur UMP de 2002 à 2007.
Chaque mardi, le rituel est immuable. Les questeurs ont une réunion avec les secrétaires généraux de la présidence et de la questure, les deux plus hauts fonctionnaires de l’Assemblée. Ils passent en revue tous les
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