Lydia Guirous: «Les Français en ont marre des storytellings victimaires !»

Arrivée d’Algérie à l’âge de 5 ans, Lydia Guirous s’est fait connaître comme essayiste avec Allah est grand, la République aussi avant de devenir l’éphémère porte-parole du parti Les Républicains. Celle qui chérit la laïcité et « l’assimilation », qui veut interdire le voile à l’université, dénonce moins le racisme ethnique que le racisme social du monde politique. Tout en réglant au passage quelques comptes avec ses devancières de droite, issues comme elle de la diversité.

PROPOS RECUEILLIS PAR GHISLAIN DE VIOLET
PORTRAITS SAMUEL GUIGUES 

Avez-vous été victime de racisme au cours de votre parcours politique ?

Je ne sais pas si je peux dire que j’ai été victime de racisme… Je pense que mes origines ont parfois été un frein, oui. Mais je ne sais pas si c’est du racisme ethnique ou social. Est-ce que c’est le fait d’être d’origine étrangère ou le fait d’être issue d’un milieu modeste qui a pu me pénaliser ? Je penche pour le second. Quand vous n’êtes pas issu du sérail, vous êtes forcément un arriviste, votre ambition n’est pas légitime. En plus, j’étais jeune et femme. Tout ça cumulé a provoqué de la crispation. C’était trop. Être issu d’une minorité – sociale ou ethnique – peut accélérer les choses au début. Mais à peine ce coup d’accélérateur est-il donné qu’on cherche à vous couper la tête. On vous fait tous les procès du monde, on ne vous pardonne rien. Parce que vous n’avez pas le droit de prétendre à ça.

Mais sur le racisme en tant que tel, vous avez des souvenirs particuliers ? Comment ça se manifeste ?

(Soupir) Eh bien, en gros, la « beurette », on imagine qu’elle ne sait pas penser, qu’elle a les dents qui rayent le parquet. On veut bien de vous pour faire joli sur la photo mais pas pour un mandat. Mais moi, je suis une femme de convictions, je ne me satisfais pas d’être un pot de fleur, un faire-valoir ou un quota. D’ailleurs, je suis contre les quotas et la discrimination positive. J’estime qu’en tant qu’écrivain ou femme politique, on a autre chose à apporter à la France qu’uniquement ses origines. Ce n’est pas un programme politique en soi. Et je pense qu’en plus, les Français en ont un peu ras-le-bol des storytellings victimaires.

Mais vous l’admettez tout de même ?

Mais bien sûr que ça existe ! Quand on vous dit « Tu veux une investiture ? Tu iras en Seine-Saint-Denis, parce que là-bas, il y a des

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