On l’a soupçonné d’être la « caution black » du Front national. Toujours est-il que pendant près de quinze ans, le Marseillais Stéphane Durbec a traîné ses basques avec Jean-Marie Le Pen qui semblait alors l’avoir adopté comme un fils. Les choses se dégraderont quand Marine prendra la tête du parti. Aujourd’hui membre des Républicains, soutien de Bruno Le Maire à la primaire, Stéphane Durbec n’en continue pas moins à jurer que Jean-Marie Le Pen n’est pas raciste. Portrait.
PAR JEREMY COLLADO
Stéphane Durbec aurait pu terminer tranquillement cette tarte aux pommes, mais pas avec Jean-Marie Le Pen. Nous sommes en juin 1988. Le vieux chef s’est exilé dans le Sud pour y conquérir la terre de la famille Masse, élue depuis des générations sur les hauteurs de Marseille. Ray Ban vissées sur le nez, il déboule avec ses gorilles et fait la rencontre fortuite d’un garçon de la DASS coiffé comme un Jackson Five. Stéphane Durbec n’a pas franchement l’allure d’un militant du Front mais très vite il accompagne Le Pen partout. Vingt-six ans plus tard, Stéphane Durbec, costume impeccable et serviette qui dépasse de la poche, a la preuve que “Jean-Marius“ – c’est ainsi que se surnomme Le Pen quand il descend dans le midi – n’est pas raciste. Donc, ce jour de juin 1998, « Jean-Marius » est convié par un boulanger pour un tour du propriétaire : « Le boulanger nous avait préparé un entremet. Il y avait aussi quelques tartes aux pommes. J’avais d’ailleurs pris la dernière part ! Le président avait le dos tourné mais il avait repéré le morceau que je venais d’entamer… Je m’apprêtais de nouveau à mordre dans mon gâteau quand le président a mangé “ma tarte” de bon appétit. Quelqu’un de raciste n’aurait jamais fait ça… »
Sur l’ordinateur de Stéphane Durbec, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur de 1996 à 2015, les dossiers s’entassent comme autant de preuves. Grâce aux procès-verbaux de l’institution régionale, il a fait des tableaux pour noter sa présence, ses questions, mais aussi celles des autres. Goguenard, il fait remarquer qu’il est l’un des orateurs les plus actifs de ces deux décennies de mandat. Absorbé par l’écran, il clique sur la mention : « Soldat de Le Pen ». Les photos défilent, les souvenirs remontent. Durbec a 16 ans. Il est né un 26 octobre, « comme Mitterrand » fait-il remarquer, mais « comparaison n’est pas raison ». À l’époque, Durbec est à Marseille, devant la préfecture. Jeune collégien, il manifeste contre le projet de loi Devaquet. Un garçon « peace and love » lui tend une pétition de soutien à un travailleur immigré. Durbec lui rétorque que le jeune Français qu’il est n’est en rien concerné : « Mécontent de ma réponse, mon pote essaya de me convaincre du bien-fondé de “notre lutte” contre le fascisme, l’antisémitisme, les bourgeois, le racisme… et Le Pen ! »
Quelques jours plus tard, le 4 avril 1987, le chef du FN défile le long
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