Mazarine Pingeot, « Je ne suis pas une vestale »

Durant dix-neuf ans, Mazarine Pingeot aura été le secret le mieux gardé de la République. Jusqu’à ce jour de novembre 1994 où l’hebdomadaire Paris Match publie des photos de la fille cachée de François Mitterrand et révèle aux Français la double vie de leur président en exercice. Aujourd’hui professeure de philosophie à l’université, romancière et chroniqueuse à la télévision, celle qui a tout fait pour ne pas devenir une « people » revient, dans cet entretien, sur les circonstances et les conséquences de sa destinée hors normes.

PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAUD VIVIANT
PORTRAITS TOM BUISSERET

Tout le monde sait que François Mitterrand était un fin lettré. Comment se fait-il que, pour ta part, tu aies opté pour la philo ?

J’ai fait toutes mes études à Henri IV. En hypokhâgne, je trouvais mon prof de philo assez malhonnête dans sa manière d’enseigner sa matière et ça me bloquait. Donc, j’ai passé le concours de Normale Sup en lettres. Mais après avoir intégré l’École, impossible de changer de spécialité. J’ai donc passé mon agrégation de philo en candidate libre. Ce fut un vrai combat, qui m’a donné une fois de plus la sensation d’être une clandestine… Mon père était nul en philo ! Ma mère, c’était l’art. Mon père, l’histoire et la littérature. Du coup, il ne me restait pas grand-chose, à part le sport. Ce qui m’a vraiment tenté à une certaine époque. Je voulais faire Sport-études en équitation, j’adorais les chevaux. Plus petite, j’ai aussi voulu être styliste, je dessinais des robes sans arrêt. Mais la loi familiale, ou plutôt la loi de mes parents, car dans la famille de ma mère personne n’a lu un bouquin avant elle, m’a rattrapée. Alors effectivement, la seule niche où je pouvais être seule et tranquille, c’était la philo. Mon père aimait les philosophes écrivains. Il avait une passion pour Montaigne, pour Pascal. Je me rappelle qu’avant même que je m’intéresse à la philo, il m’avait offert une très jolie édition reliée de Platon. Je faisais une maîtrise sur Kant, mais pour lui c’était du charabia ! C’était pendant sa dernière année, en 1996, il était malade, alité, moi je lisais la Critique de la raison pure, j’essayais de lui expliquer ce que je faisais, mais je crois qu’il ne comprenait pas du tout ! Ce n’était pas son truc ! Non lui, encore une fois, c’était Pascal, par amour de la langue, mais aussi de la religion. Par exemple, il connaissait très bien la

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