Gilles Ménage, un homme à l’écoute

Durant onze années, Gilles Ménage, haut fonctionnaire passé par l’ENA, aura été à l’Élysée l’œil et les oreilles du pouvoir mitterrandien. Fidèle parmi les fidèles, l’ancien directeur de cabinet adjoint, puis directeur de cabinet du président de la République veille encore aujourd’hui sur la mémoire de « Tonton » en tant que secrétaire général de l’Institut François-Mitterrand. Pour Charles, il se confie sur l’exercice du pouvoir selon Mitterrand, et la manière dont celui-ci pouvait affirmer sa plus implacable fermeté.

PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN CHABROUT
PORTRAITS LUCAS GRISINELLI

Comment en vient-on à servir le président Mitterrand quand on ne l’a pas connu auparavant ?

Parfois, c’est le destin qui vous mène quelque part… Je suis arrivé au ministère de l’Intérieur en 1969 quand Raymond Marcellin était à sa tête. Je me suis d’abord installé à Montauban comme directeur de cabinet du préfet de Tarn-et-Garonne, puis à partir de 1970 quatre ans à Limoges comme directeur de cabinet du préfet de la région Limousin et du préfet de la Haute-Vienne. En 1974, j’ai été appelé à Paris pour être le chef de cabinet de Pierre Lelong, secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications sous Valéry Giscard d’Estaing. C’était une période épouvantable. Je me suis vite réfugié à la préfecture de Paris de 1975 à 1981 comme chargé de mission au cabinet du préfet jusqu’en 1977, puis directeur de cabinet. Fin mai 1981, je reçois un coup de téléphone de Maurice Grimaud  (ancien préfet de police en 1968, chargé de cabinet mission auprès du nouveau ministre de l’Intérieur Gaston Defferre – NDLR). Il me dit : « Cher ami, acceptez-vous de me rendre un service, celui de vous présenter à l’Élysée ? » Je rencontre alors pour la première fois André Rousselet (alors directeur de cabinet de François Mitterrand – NDLR) qui me dit : « Acceptez-vous de servir le président ? » Je lui réponds : « Oui, je n’ai pas de problème avec ça ». Je n’avais aucun état d’âme car le président est élu au suffrage universel. Je ne vois pas comment un sous-préfet pouvait refuser. Je ne connaissais par ailleurs quasiment personne au PS et je n’ai jamais adhéré à ce parti. Nous sommes dans une période où la très grande majorité de la haute fonction publique, du côté du ministère de l’Intérieur, considérait que l’élection de François Mitterrand n’était pas légitime et que, de toute façon, cela ne durerait pas longtemps. Je suis arrivé à l’Élysée en tant que conseiller technique au cabinet de la présidence de la République, car tous les préfets pressentis avaient refusé de prendre ce poste. À l’époque, nous avons quasiment changé tous les préfets de place. On n’était pas dans un état d’esprit de chasse aux sorcières. Simplement, François Mitterrand n’aimait pas ceux qui en avaient

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