Produite par le site de streaming Netflix, lancée sans pilote, juste à partir des métadonnées des abonnés du site, la série House of Cards, diffusée en France sur Canal +, révolutionne plus la télévision que la représentation de la politique. Néanmoins, avec son personnage de politicien sans scrupule incarné par Kevin Spacey, elle rompt avec ses prédécesseurs, notamment The West Wing, en validant dans la scélératesse la désillusion démocratique des années Obama.
PAR VINCENT DOZOL
Le premier épisode de House of Cards commence par un crissement de pneus et le choc d’un accident de voiture. Après l’impact, on devine l’agonie d’un chien. S’ouvrent alors les portes boisées d’une maison de Washington D.C. Un homme (Kevin Spacey) apparaît, chemise blanche immaculée, il se précipite vers l’animal en détresse. Le plan est en légère contre-plongée, l’œil de la caméra juste au-dessus du chien, qui reste hors cadre. L’homme relève la tête, se met à parler tout seul. Il fixe directement la caméra et nous lance : « Je n’ai pas de patience pour les choses inutiles. Un moment comme celui-là exige quelqu’un qui agit, capable de faire des choses désagréables et nécessaires. » L’homme étrangle le chien. « Voilà, plus de souffrance. »
« Vous ne pouvez pas faire ça, vous allez perdre la moitié de l’audience en trente secondes ! », avaient été mis en garde les créateurs de la série. En quelques plans, House of Cards dévoile ses intentions. La noirceur est assumée, tout en brisant une ancienne convention de Hollywood : on ne tue pas les animaux de compagnie. Mais les scénaristes de la série sont du côté du prédateur et disposent d’une grande liberté créative. Ils écrivent pour Netflix, ancienne société de location de films, devenue plateforme payante de diffusion audiovisuelle en ligne (streaming), souvent présentée comme le « futur de la télévision ».
Depuis ses débuts en 2013, House of Cards (disponible en France sur Canal +) est un succès critique et public. La saison 1 a remporté trois Emmy Awards, une première pour une série non diffusée à la télévision. Par sa popularité, elle se distingue des nombreuses séries qui se déroulent à Washington D.C., dans ou en marge du milieu politique, telles que Veep, Scandal, Alpha House, Madam Secretary ou State of Affairs. House of Cards est aujourd’hui la deuxième série la plus regardée sur Netflix aux États-Unis.
À l’origine du phénomène, il y a un livre. Michael Dobbs, ancien directeur de cabinet du parti conservateur britannique et assistant spécial du Premier ministre Margaret Thatcher, démissionne après les élections de 1987. « Le tueur au visage poupin de Westminster », c’était son surnom. En vacances à Malte, « sur le point de devenir une petite note de bas
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