Jean-Marie Cavada est passé par tous les postes du journalisme : présentateur, reporter, rédacteur en chef, animateur vedette, puis dirigeant de chaînes, télévisées ou bien radiophoniques. Avant de se lancer en politique. Dans le privé comme dans le public, sous Giscard comme sous Mitterrand, l’ancien présentateur de « La Marche du siècle » a vécu ô combien, ainsi qu’il le raconte ici, les pressions du pouvoir. Tout en sautant toujours comme un cabri, du début jusqu’à la fin de ses mandats, en criant sur sa chaise : « L’Europe, l’Europe, l’Europe ! » Mais a-t-il eu vraiment tort ?
PROPOS RECUEILLIS PAR ASTRID DE VILLAINES
PORTRAITS NADÈGE ABADIE
Votre enfance a été douloureuse. A-t-elle compté dans la construction de votre carrière ?
Ma famille a été détruite à la fin de la guerre. Cavada, ça commence avec moi. Il n’y en a pas au-dessus, ni même à côté. Viennent ensuite mes enfants, ma fille et mon fils, tous les deux journalistes. J’ai été élevé par l’Assistance publique, sous tutelle dans plusieurs familles. Des petits paysans de montagne dans les Vosges, des ouvriers textiles, des gens qui exploitaient un bistro. La traversée de ce monde-là m’a forgé une sorte d’ « orgueil de l’humilité ».
Qu’est-ce qui fait que vous devenez journaliste ?
Un instituteur, M. Saint-Étienne, m’a conduit au collège. Un professeur me fait aller au lycée et à la fac. Ils ont construit ma carrière et mon ascension sociale. Je leur dois tout. Ils ont construit cette force orgueilleuse que j’ai toujours eue en moi. Rien ne me paraît impossible dans la vie.
Qu’est-ce que vous voulez faire de votre vie à ce moment-là : journaliste ou politique ?
D’abord, je suis très séduit par un grand avocat qui vient plaider pour un crime dans les Vosges. Et puis, mon professeur de français me conseille de regarder du côté du journalisme. À Saint-Dié-des-Vosges, le journalisme se réduit au bureau de L’Est républicain. Je vais voir, je fouille un peu et j’oublie. En faculté de Lettres à Nancy, j’avais besoin de gagner un peu d’argent pour vivre. J’écris à trois endroits : La Poste, la radio locale et L’Est républicain. La Poste ne m’a jamais répondu, L’Est républicain me répond, mais trop tard. Je suis donc allé à la radio.
Qu’est-ce que vous y faites ?
Mon travail consiste à trier le courrier. Au bout d’un moment, j’ai le droit de trier les disques. Et puis comme j’écrivais bien à leurs yeux, j’ai commencé à faire des papiers avec une voix épouvantable, métallique et même un accent vosgien ! L’un des patrons de la station m’envoie prendre un cours de diction et de théâtre. Petit à petit, on me confie une émission. J’ai 21 ans.
Quelle était votre spécialité ?
Je m’occupais des affaires européennes. Déjà ! Ce n’était pas un métier à temps complet puisque le Parlement siégeait une fois par trimestre. Cela me passionnait. Les gens me prenaient pour un fou, car à l’époque
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