Le professeur de médecine Alain Pompidou a croisé dans sa jeunesse Léopold Sédar Senghor, André Malraux et même le général de Gaulle chez ses parents. Dans la lignée de son grand-père paternel, maire adjoint SFIO à Albi, le fils adoptif de Georges et Claude Pompidou est passé par les cabinets ministériels et le Parlement européen. Sur son chemin : Jacques Chaban-Delmas, Jacques Chirac, Édouard Balladur, Philippe Séguin ou encore Nicolas Sarkozy auquel il n’a pas hésité à claquer la porte au nez.
PROPOS RECUEILLIS PAR CESAR ARMAND
PORTRAITS NOLWENN BROD
Votre grand-père paternel, Léon Pompidou était premier adjoint socialiste à Albi. Quel rôle a-t-il joué dans votre sensibilisation à la politique ?
C’est davantage mon grand-père maternel, médecin chef à Château-Gontier en Mayenne qui, le matin, en allant à l’hôpital, et l’après-midi, dans les fermes, m’a influencé. J’avais moins de 10 ans, je lui ouvrais les barrières cloisonnant les champs et j’allais discuter avec la famille de ses patients, si bien que ma vocation médicale est née là. Le grand-père Pompidou, né dans une famille de métayers, dont le père a appris le latin en gardant les vaches, a fait l’École normale des instituteurs à Murat dans le Cantal et y a rencontré ma grand-mère. Aujourd’hui, dans cette mairie auvergnate, il existe un petit musée Georges Pompidou au frontispice duquel il y a une citation de mon père : « À Murat, cette ville où j’ai été promis à la vie. » Joli, n’est-ce pas ? Le grand-père paternel était donc un socialiste dans l’âme et est devenu premier adjoint SFIO du maire d’Albi. C’était un jaurésien véritablement engagé au service de l’État. Je n’ai jamais parlé politique avec lui, mais cet homme a inculqué le sens de la République à son fils. Mobilisé en 1914, il est blessé en 1916. Six mois plus tard, quand il a cicatrisé, il s’engage et repart au front défendre sa patrie. De même, la première carte postale qu’a envoyée Georges Pompidou à son meilleur ami, c’est le monument aux morts de Montboudif, sa ville natale, dans laquelle mon père écrit : « Quand je me lève, voilà ce que je vois de ma fenêtre. Tu comprends mieux pourquoi j’ai acquis le sens patriotique. » Ma tante Madeleine, la plus jeune sœur de mon père, décédée en octobre 2014 à 94 ans, était, comme son père, engagée à gauche. Mariée à Henri Domerg, agrégée de lettres, elle était mendésiste. Quand j’avais 12 ans, j’assistais à des dîners de famille au cours desquels mon père, qui était déjà gaulliste convaincu, ma tante et mon oncle entraient dans des polémiques interminables. J’entendais des bruits de voix alors que j’essayais de lire à côté. Leur sensibilité mendésiste s’est arrêtée le jour où mon père a été nommé Premier ministre, et où Georges Pompidou a nommé l’oncle Domerg conseiller pour l’Éducation nationale.
Pierre Mendès France racontait d’ailleurs avoir croisé votre père dans l’avant-guerre en tant que « socialiste remuant ».
C’est en effet la formule qu’a employée Pierre Mendès France auprès de l’historien Éric Roussel qui l’a rencontré quelques jours avant sa mort pour son livre sur Georges Pompidou. Je ne l’ai jamais rencontré, mais quand il a démissionné de son poste de commissaire aux Finances du gouvernement provisoire en 1945, il a écrit une lettre de huit pages au général de Gaulle où
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