Tu parles Carl Lang !

Carl Lang aura été pendant trente ans le militant dévoué de Jean-Marie Le Pen. Secrétaire général du FN, deux fois élu député européen, avant d’être répudié par Marine et d’entrer en dissidence. Carl Lang vient de fonder à la droite de l’extrême droite le Parti de la France. Il narre ici son expérience de l’intérieur, et les hauts et les bas du Front national.

PAR ARNAUD VIVIANT
PHOTO NOLWENN BROD 

Commençons par votre prénom… 

Je me prénomme Carl, ce qui suscite parfois des curiosités, car je suis d’origine d’alsacienne. Mes aïeux étaient des optants, c’est-à-dire ceux qui après la victoire de la Prusse, ont décidé de venir vivre en France. Ils se sont réfugiés en Normandie. Mon père a décidé de me prénommer Carl en référence à ce passé familial, ce qui n’était pas très facile en 1957, car ce prénom n’était pas dans le calendrier officiel. Ma mère, elle, est d’origine picarde, fille de garagiste. Dans l’histoire des identités des hommes, le terrain familial influe, consciemment ou inconsciemment sur la destinée, les choix, l’appréhension de l’existence. Mon père, René Lang, a d’abord été horloger comme son propre père. À la fin de sa vie, il travaillait à la RATP. J’ai été orphelin à l’âge de 12 ans mais mes parents étaient déjà séparés depuis six ans. J’ai donc été élevé par un monsieur qui s’appelait Guy Dugrès, qui était kiné comme je le suis aussi devenu. J’ai reçu une éducation provinciale, de droite classique, sans plus. Je ne suis pas sorti de la cuisse de Jupiter, d’un milieu pour qui tout était acquis d’avance. Mon beau-père a toujours voté à droite, essentiellement pour de Gaulle. Il a été membre du RPR. Il est devenu maire adjoint de Vernon, assez tardivement, dans les années 70. Il a finalement rejoint le Front national, après moi. Mais c’étaient des gens qui travaillaient, qui n’avaient pas beaucoup de temps pour faire de la politique. 

Contrairement à vous… 

Moi, je suis arrivé à la politique parce que, très jeune, dès la sixième, j’ai eu une passion pour l’histoire, la passion d’agir sur les événements, et pas simplement de les commenter ou de les étudier. Et puis à l’adolescence, j’ai voulu faire l’École des Officiers. Mais j’ai eu un empêchement de santé qui m’a interdit la voie de la préparation à Saint-Cyr. Entre cette passion de l’histoire et cette vocation qui n’a pas pu aboutir, l’engagement dans un mouvement patriotique était assez naturel. En somme je suis devenu militant au Front national à 20 ans, alors que j’étais étudiant en kinésithérapie à Paris, parce que je n’ai pas pu devenir militaire. 

On raconte que vous vous êtes engagé au Front national à cause de l’assassinat de François Duprat. 

Je n’ai jamais connu Duprat. Mais, en mars 1978, entre les deux tours de l’élection législative, on parlait beaucoup à la télévision de son assassinat. Comme j’avais envie d’être engagé, actif, je me suis dit que si on assassinait les gens du Front national, cela valait peut-être le coup d’y regarder à deux fois et de se renseigner pour savoir qui ils étaient. Personne n’a jamais retrouvé les assassins de Duprat, ce qui est quand même suspect. Même pas une piste, rien. Le vide intégral. Quand plus tard, au FN, on évoquait cette question, personne ne savait rien. Certains évoquaient les services secrets, parce que l’explosion d’une bombe à distance est tout de même trop élaborée pour le quidam de base d’un groupe extrémiste. C’est un travail

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