Ecce Ubu

Armé de sa chandelle verte, de sa gidouille et de son « merdre » retentissant, le Père Ubu a été créé par l’écrivain Alfred Jarry à la fin du XIXème siècle. Depuis, il est constamment joué sur les planches. Cette saison Éric Cantona l’a interprété. Ubu est un gredin, une canaille, un traître pitoyable, un ange déchu énorme, excessif, chaotique, dévastateur, une marionnette manipulée par ses instincts, comme l’homme, finalement. À l’instar de Guignol, il est devenu tellement populaire qu’on en a fait un adjectif. Mais Ubu est-il ubuesque ?

PAR OLIVIER BAILLY
ILLUSTRATION DAVID STETTLER

L’affaire Bettencourt ? Ubuesque. La situation sociale dans une usine du Limousin ? Ubuesque. Une dispute autour du Memorial Day à la française ? Ubuesque. Un projet de zone industrielle dans le Lot-et-Garonne, la mention « sans OGM », un coup d’État en Syldavie ? Ubuesque ! Comme « kafkaïen » ou « cornélien », « ubuesque », ce poncif-roi, est le régal des folliculaires paresseux. Le 9 janvier 1943, dans son Journal littéraire, Paul Léautaud le note déjà : « Quelle fortune ont eue certains termes de Jarry dans Ubu Roi ! Ils sont définitivement entrés dans la langue. Il n’est pas de jour qu’on les retrouve dans les journaux, – et ce n’est pas d’aujourd’hui. » Ubuesque : « Qui rappelle la situation produite par le gouvernement du Père Ubu, par son

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