Secrétaire général de la présidence de l’Élysée de 2005 à 2007 et gendre de l’ancien président par les liens du mariage avec Claude depuis 2011, Frédéric Salat-Baroux connaît Jacques Chirac professionnellement et dans son intimité. De sa rencontre glaciale en 2000 à l’Élysée aux déjeuners dominicaux plus chaleureux, il fait le portrait un homme angoissé qui restera toujours pour lui un mystère.
PAR LAURELINE DUPONT
PORTRAITS PATRICE NORMAND
Vous êtes devenu conseiller social de Jacques Chirac en 2000, vous le connaissiez avant ?
Frédéric Salat-Baroux : Non, je l’ai rencontré pour la première fois le jour où j’ai été nommé. J’ai toujours été chiraquien. C’était une histoire de famille. La question de savoir s’il deviendrait un jour Président de la République était un des sujets favoris des conversations avec mon père. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu travailler avec lui. Dès que j’ai pu m’engager à ses côtés, en 1993, je m’y suis précipité. Je fais partie de cette petite minorité de privilégiés par la vie qui ont réalisé leur rêve d’enfance.
Vous souvenez-vous de votre première impression quand vous l’avez rencontré ?
Comme si c’était hier. Je rentre dans son bureau, en septembre 2000, et je suis immédiatement frappé par deux choses. D’abord par sa puissance physique. J’ai l’impression de rentrer dans la cage d’un lion. Et ensuite par sa froideur. Je m’attendais à être face à quelqu’un de chaleureux et je me retrouve face à un lion dominant et glacial.
À la fin de son quinquennat, vous disiez que Chirac restait « un mystère » pour vous. Des années après, l’avez-vous percé ?
Dans les années 2000-2002, je vous aurais probablement dit que j’avais tout à fait compris qui il est en réalité. Mais il est comme un long couloir, plus on s’avance moins on y voit clair. En fait, c’est un mystère total. Je crois aujourd’hui que personne n’est capable de dire quels sont ses ressorts profonds. Ni moi qui aie été un proche collaborateur, ni même sa femme ou ses filles. Chirac est un alliage complexe fait d’un extraordinaire optimisme, de certitude, de force, de capacité à tout surmonter, très certainement hérité du fait qu’il a été un enfant unique adoré par sa mère. Mais cette toute-puissance, un peu comme dans les mythes grecs, crée aussi son pendant
Vous voulez lire la suite ?
Profitez de tous les articles de Charles en illimité !
Inscrivez-vous et bénéficiez de 8 semaines d’essai gratuit sans aucun engagement.
Recevez chaque semaine Charles l'hebdo
Acheter l'article
pour 3€
Tout Charles en illimité
L’hebdo, les podcasts, le site
Dès 6€ / mois
Vous avez déjà un compte ? Identifiez-vous