« Bernadette Chirac est un personnage politique inouï »

On ne saurait réduire Jacques Chirac à sa seule personne. Son histoire est également celle d’une famille qui a pris et gardé le pouvoir ensemble, avec sa femme Bernadette, sa fille Claude et désormais son gendre, Frédéric Salat-Baroux. Un sacré clan qui continue de peser sur la vie politique française, et que raconte la journaliste du Monde Béatrice Gurrey dans son nouvel ouvrage, Les Chirac. Entretien.

PAR CAMILLE VIGOGNE LE COAT
PORTRAITS LINUS RICARD

Vous avez suivi l’Élysée pendant cinq ans, quelles étaient vos relations avec Jacques Chirac ?

Les relations entre le journaliste du Monde et l’Élysée sous Jacques Chirac étaient assez difficiles, voire conflictuelles. Il y avait un contentieux entre le journal et le président de la République, je ne suis donc pas arrivée sur un terrain aplani et accommodant. Le premier jour, je n’ai pas été mal accueillie. Jacques Chirac m’a scannée de la tête aux pieds : « Bonjour Maaadaame ». Et Bernadette Chirac m’a dit de sa voix métallique un peu grinçante : « Bienvenue dans cette maison. » C’était à l’occasion d’une cérémonie officielle et, à vrai dire, nous ne pouvions voir le président que dans ces circonstances. C’est la particularité de toutes ces années : Chirac n’a donné qu’une conférence de presse en cinq ans, au mois d’avril 2004. Il parlait très facilement de la politique extérieure ‒ nous avons fait deux fois le tour de la Terre durant le quinquennat ‒ mais il était extrêmement difficile de communiquer avec lui sur des sujets de politique intérieure, dont je m’occupais.

Quelle était la nature de ce contentieux ?

Cela remontait à une période assez ancienne. Les relations avec Jean-Marie Colombani, le directeur du Monde (de 1994 à 2007 ‒ NDLR), étaient assez fraîches, car Chirac jugeait que le journal avait été trop « balladurien » pendant la campagne de 1995. Surtout, la communication du chef de l’État était extrêmement verrouillée par sa fille, Claude. Nous ne voyions JAMAIS le président de la République en particulier, je ne suis JAMAIS entrée dans son bureau. Je représentais

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