En ce mois de décembre 1976, des affiches aux couleurs vives égayent les rues de Paris. Le traitement un brin pop art de La Marseillaise de François Rude représentée en bleu violacé sur fond orange a de quoi réveiller les passants. Mais qui a osé commettre ce meurtre artistique ? Jacques Chirac, bien sûr, qui inaugure à sa façon l’art du contre-pied permanent, du coup de Jarnac visuel. Il appelle les Français à participer le 5 décembre porte de Versailles à Paris au lancement de son parti, le RPR. Mais comment a-t-il pu séduire la France pendant de longues années avec une propagande aussi rustique ? Pour le comprendre, un voyage dans l’imagerie chiraquienne s’impose.
PAR ZVONIMIR NOVAK
Les nombreux logos du chiraquisme
Le logotype a une mission quasi impossible à remplir, celle de représenter le plus fidèlement possible un mouvement politique par une unique représentation comprimée au maximum. Premier constat : le chiraquisme s’est projeté à travers quatre logos successifs, alors que le Parti socialiste n’en a gardé qu’un seul depuis les années 70 et que le Parti communiste est resté fidèle jusqu’en 2013 à sa faucille et son marteau. Ce renouvellement successif de logos nous révèle une personnalité particulièrement réactive qui, tel un général en campagne, est capable de s’adapter aux situations. Girouette pour certain, opportuniste pour d’autres, ses quatre logos nous racontent quatre Chirac différents en quatre épisodes.
Son premier logo nous surprend par son passéisme tant graphique que symbolique. Ce bonnet phrygien auquel est associée une croix de lorraine ne dévie pas d’un pouce de la tradition gaulliste. Il aurait pu être celui du RPF, le parti gaulliste de l’après-guerre. Pire encore, il régresse graphiquement par rapport à la croix de Lorraine moderniste des technocrates de l’ancienne UDR de Georges Pompidou. Alors pourquoi ce rétropédalage et pourquoi Jacques Chirac ressort-il des symboles plus gaullistes
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