Avec les secrétaires des ministres

Dans «secrétaire», il y a «secret» et il y a « taire». C’est leur leitmotiv. Dans les coulisses du gouvernement, dans l’ombre des hommes politiques, se cachent les secrétaires particulières. Discrètes, loyales, dévouées, certaines suivent leur patron de mairies en ministères depuis plusieurs dizaines d’années. Elles n’ont jamais parlé d’elles. Alors, elles pèsent chaque mot, sélectionnent les souvenirs, auréolent leur patron. Rencontre avec les « seconds cerveaux » de François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Michel Rocard et Christian Jacob.

PAR AURELIE DARBOURET
PORTRAITS RENAUD MONFOURNY

Décembre 2009. Pour une fois, la centaine de personnes rassembléesous les dorures de Matignon ne compte presque que des femmes. Elles connaissent leurs voix, leur «sourire téléphonique», elles s’appellent par leur prénom, se tutoient parfois, mais la plupart ne se sont jamais rencontrées. Foi de personnel, c’est la première fois qu’un déjeuner rassemble toutes les secrétaires ministérielles du gouvernement. Sylvie Fourmont, secrétaire particulière de François Fillon, arrivée à Matignon deux ans plus tôt dans les valises de son «patron», a pris soin de toutes les inviter, «même les petites mains». Ses paires, proches collaboratrices des ministres, sont donc venues avec «leur équipe»–deux, trois, parfois quatre personnes. Les fêtes approchent, l’arbre de Noël est dressé. Les cuisiniers ont donné le meilleur pour que le buffet impressionne. Le plan de tables a distribué les convives dans les trois salons de réception. Ce jour-là, on a parlé méthode de travail, organisation, agenda… tout en faisantun sort au plateau de fruits de mer. Une belle journée. Pour «tisser des liens ». Une fête pour «encourager les jeunes qui n’ont jamais vu Matignon» ajoute l’hôte du jour. La quinquagénaire sourit. Elle qui adore le contact, sait d’expérience que les bonnes relations facilitent le travail. «Et puis, la secrétaire de Nicolas Sarkozy et moi sommes un peu les monstresqui démontons sans arrêt l’agenda de leur patron. »En cinq ans de mandat, d’un coup de téléphone, les deux Sylvie –Burgel et Fourmont –ont en effet plus d’une fois mis à plat le travail des autres, au gré des convocations éclair et des annulations de dernière minute de leur chef respectif. Elles savent ce que c’est, elles l’ont vécu auparavant lorsqu’elles étaient en poste dans les ministères.

Sylvie Fourmont / François Fillon: «Dans l’ombre et la lumière»

Sylvie Fourmont a connu François Fillon très jeune, dans la Sarthe. En 1976, ils ont chacun 22 ans. Elle est la dernière recrue du secrétariat de Joël Le Theule, depuis déjà trois ans, à la mairie de Sablé-sur-Sarthe. Lui débute comme assistant parlementaire du député-maire. Elle envie sa copine de BTS, secrétaire en cabinet médical, qui assiste aux opérations. Il rêvait de journalisme, il est un conseiller prometteur qui reprendra tous les mandats du mentor à sa mort en 1980. Dans la même équipe, Sylvie et François apprennent à se connaître. Ensemble, ils feront toutes les campagnes, pour qu’il soit élu conseiller général, puis député de la Sarthe, puis maire de Sablé… Trente-trois ans et dix déménagements plus tard, elle l’a suivi partout, «dans l’ombre et la lumière»,

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