Montreuil, dent pour dent

Montreuil fut la première ville française de plus de 100 000 habitants gérée par une écologiste. Pendant six ans, Dominique Voynet a tenté de mener une politique verte alliant solidarité, responsabilité et transparence. Mais la personnalité exigeante, froide, voire psychorigide de l’ancienne ministre de l’Environnement, a précipité sa chute et son retrait de la vie politique.

PAR CAMILLE VIGOGNE LE COAT
PHOTOS PHILIPPE GOMOND

C’était en 2009 ou 2010, son attachée de presse ne se souvient plus exactement. Dominique Voynet marchait dans une rue de Montreuil quand une passante l’interpelle. « Madame, j’ai deux enfants, j’en attends un troisième et je vis toujours chez mes parents. Vous trouvez ça normal ? » La maire EELV la regarde, puis lui répond du tac au tac : « Madame, il faut arrêter de faire des enfants. »

« Je n’ai jamais su taire ce que je pensais » avoue celle qui a été aux commandes de la ville de 2008 jusqu’au 4 avril 2014. Aujourd’hui encore, malgré ses cheveux en bataille et des traits apaisés, l’ancienne ministre ne mâche toujours pas ses mots. Elle ponctue ses réponses de phrases telles que : « Il vous a dit ça ? Il est sacrément gonflé ! » C’est dans cette logique de vérité qu’elle a annoncé dans les colonnes de Libération, en novembre 2013, qu’elle ne briguerait pas un second mandat. « Je ne me retrouve plus dans cette vie politique. » En cause notamment, la violence du climat politique local, que Dominique Voynet dit ne plus supporter : « Au conseil municipal, c’était une guérilla de chaque instant. La campagne de 2008 s’est beaucoup jouée sur mon nom, et par la suite, les critiques se sont concentrées sur ma personne ».Michael Marie, ancien collaborateur à la mairie de Montreuil, est fier d’avoir soufflé cette phrase à de nombreux journalistes : « La politique à Montreuil, c’est un peu comme le Liban des années 80 : si quelqu’un vous l’explique et que vous avez l’impression d’avoir compris, c’est qu’il vous l’a mal expliquée. » Aux élections municipales de 2014, on comptait sept candidats de gauche différents, pour un seul de droite. Une situation presque ordinaire dans un département, la Seine-Saint-Denis, habitué à la guerre des gauches.

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