Une histoire graphique du Front national

Depuis qu’elle a été nommée en 2007 directrice de la campagne présidentielle de son père, Marine Le Pen entreprend un processus de dédiabolisation et de polissage du FN pour faire glisser le parti vers un Rassemblement bleu marine. Une histoire graphique de la propagande au Front national depuis « 3615 Le Pen » jusqu’à aujourd’hui.

PAR ZVONIMIR NOVAK 

Il y a des mots comme ça qui subitement résonnent dans toutes les oreilles. Les expressions « lissage » et « lisser » sont devenues, depuis quelques années, des termes courants dans le langage des journalistes politiques. À quoi font référence ces expressions ? Elles nous renvoient au long travail de nettoyage, puis de labourage commencé par Marine Le Pen bien avant son accession à la présidence du Front national. Vider les anciens collabos trop voyants, faire taire les cathos fanatiques, mettre au rencart les baroudeurs de l’Indochine et de l’Algérie, en un mot : gommer toutes ces vilaines scories pour rassurer les électeurs, telle est la délicate mission qu’a entrepris la fille du patron. Or, ce travail de dédiabolisation dans un parti, dont la base est profondément fascistoïde, s’est rapidement avéré aussi compliqué que les douze travaux d’Hercule. Pour preuve, à peine met-elle en place cette stratégie du lifting à la fin des élections présidentielles de 2002 que Marine Le Pen fait déjà dresser d’horreur l’ergot des militants. Au 12^ème congrès du Front national à Nice en avril 2003, ils lui font clairement savoir qu’il y a des bornes à ne pas dépasser. Toute fille de chef qu’elle est, les délégués départementaux ne se sont pas gênés pour l’envoyer paître à la 34^ème place du comité central. Sans l’intervention expresse de papa, Marine aurait été engloutie dans les abysses du parti. Dès le lendemain, sans demander d’avis à personne, JMLP la bombarde vice-présidente du Front. Et toc ! Dès lors, sous l’aile protectrice du père, Marine avance à petits, puis à grands pas. Elle est d’abord chargée des affaires intérieures du