Journaliste, féministe, créatrice du podcast « La poudre » et auteure de « Présentes » publié en septembre 2020 chez Allary éditions,
Coup de téléphone de Lauren Bastide :
– « Je vais avoir un peu de retard désolée, je dois déposer mon chien
– Ne vous inquiétez pas amenez-le »
Lauren Bastide, est arrivée au studio d’Olivier Roller avec Robin, un bébé beagle de deux mois à peine, énergique et curieux. Ambiance canine au studio, Lauren Bastide s’est prêtée avec enthousiasme au jeu de photos, tout comme à l’expérience micro qu’elle connaît bien.
Ensemble nous sommes revenues sur son parcours de journaliste où sa prise de conscience sur les inégalités entre les femmes et les hommes (et pas seulement) a été comme un coup de poing dans l’estomac. Elle nous explique la nécessité de compter, de mettre des chiffres sur des faits pour les rendre visibles et indiscutables.
« En France on est attaché à nos mains au cul comme à notre vin de Bordeaux »
Tendez l’oreille…
Extraits du podcast ‘Dans l’oreille de Charles’, série ‘femmes d’influence’,
Interview menée par Marine Peltier
J’ai grandi à Orléans, ville de province proche de Paris, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient parce que c’est une ville qui est un petit peu trop proche de Paris pour avoir son propre rayonnement régional.
Petite, j’étais scolarisée dans une école privée. Un choix qu’avaient fait mes parents pour que je puisse faire de l’anglais, notamment. J’ai donc grandi en fréquentant un milieu qui était assez catholique, assez conservateur, un milieu des rallyes notamment, qui n’était pas le mien ni même celui de mes parents. Je me sentais parfois un peu en décalage avec mon environnement, mais c’était finalement assez instructif.
Mon père était bijoutier, comme ses propres parents. Ma mère était cadre supérieur dans une boîte d’intérim. Le milieu dans lequel j’ai grandi n’était pas très politisé, même si ma mère m’a transmis une forme de féminisme qui n’était pas formulée sur le plan théorique et militant, mais un féminisme de bon sens, de valeurs. Elle m’a toujours dit “Il faut que tu gagnes ton argent”, “Il ne faut pas que tu dépendes d’un homme”. Ce sont des choses extrêmement importantes quand on les entend dès l’enfance, qui vous modèlent en quelque sorte.
Devenir journaliste
Je voulais être journaliste depuis très longtemps. J’ai commencé à formuler cette volonté à l’adolescence, vers 12-13 ans, quand J’ai compris qu’il existait un métier dont lire et écrire étaient les deux principales activités. C’était tout ce que j’aimais faire ! Petite, quand j’avais une bonne note, on m’offrait un livre. Mes parents n’ont pas fait de grandes études, personne dans ma famille n’avait un parcours universitaire comme celui que j’ai pu avoir par la suite, mais j’ai toujours été encouragée.
J’ai étudié à Sciences Po Strasbourg avant d’entrer au CFJ à Paris : un petit crochet par l’Alsace avant d’arriver à enfin rejoindre la capitale, mon rêve d’ado.
J’ai compris qu’il existait un métier dont lire et écrire étaient les deux principales activités. C’était tout ce que j’aimais faire !
J’ai fait plusieurs stages, notamment à ‘Courrier International’. L’international m’intéressait beaucoup car je parlais bien anglais et espagnol. Ensuite, j’ai fait un stage au ‘Monde’. Et puis, juste après le CFJ, j’ai passé six mois à l’agence Reuters où je bâtonnais de la dépêche au desk international. La vie en rédaction, c’est quand même quelque chose qui est assez exaltant. Quand l’actu chauffe, ce qui se produit généralement quand il y a un gros événement, un décès, un attentat, un coup d’État, une catastrophe naturelle, ce sont des événements qui sont terribles sur le plan humain, le plus souvent des drames. Mais justement, j’ai souvent trouvé de la force dans mon métier pour affronter ces drames parce qu’on ne reste pas sans rien faire. C’est en cela que c’est fabuleux d’être journaliste, parce que face à un événement qui peut nous laisser dans la sidération ou dans le sentiment qu’on est impuissant, le journaliste a quelque chose à faire et à comprendre : appeler et écrire, analyser, informer, imaginer. Et ça, c’est vraiment ce que je préfère dans ce boulot.
Neutralité journalistique
Je ne crois pas qu’il existe de neutralité. C’est quelque chose que j’essaie de démontrer le mieux que je peux dans ‘Présentes’ [Allary éditions]. Personne n’arrive avec un point de vue neutre sur la vie, sur les choses. Nous arrivons tous et toutes avec une certaine éducation, un certain langage, en fonction de notre vécu et de notre identité. Cela nous permet de voir certaines choses que d’autres personnes ne vont pas voir. Tout le monde a des angles morts. Je pense donc que La meilleure façon d’atteindre, non pas une forme de neutralité, mais une forme d’objectivité, c’est déjà reconnaître le fait que notre point de vue est forcément situé.
C’est un sujet qui me tient très à cœur, j’essaie de faire mon métier de journaliste en gardant le plus possible à l’esprit que j’ai ces biais et ce point de vue situé. À chaque fois, j’essaie donc de prendre trois pas de recul, qui me permettront d’identifier mes angles morts, d’identifier ce que je ne vois pas. C’est dans ce sens-là que je l’entends. Mais le mot neutralité n’est pas forcément le plus juste pour désigner ce que doit être le devoir d’un ou une journaliste. Informer ne peut pas être que la transmission de faits. Il y a forcément aussi une dimension d’analyse qui doit être apportée.
La meilleure façon d’atteindre, non pas une forme de neutralité, mais une forme d’objectivité, c’est déjà reconnaître le fait que notre point de vue est forcément situé
En revanche, quand on fait de la dépêche en agence, effectivement, on cherche quelque chose qui est de l’ordre de la neutralité car ce que l’on est autorisé à écrire est purement factuel : “un tremblement de terre a fait 328 morts ce matin à 8 h 30 au Pakistan”. C’est un état de fait.
Une féministe dans la presse féminine
J’ai toujours vu le magazine ‘Elle’ sur la table du salon chez ma grand-mère, chez ma mère, chez ma tante : c’était le magazine qui était lu par les femmes de ma famille. Je viens d’une famille où les femmes aiment bien le maquillage, la mode, la coiffure, et moi aussi, j’aime tout cela.
Je m’identifiais avec une très grande facilité à ce que ce journal montrait, puisque la plupart des femmes qui étaient représentées me ressemblaient. D’autant plus que non seulement je suis une femme blanche, mais en plus je suis mince, je suis blonde : je coche les cases ! Je ne me rendais pas compte à l’époque à quel point le fait que je coche les cases était en soi une spécificité qui m’était propre. Pendant toute mon enfance et mon adolescence, j’ai toujours considéré que le magazine ‘Elle’ parlait des femmes en général et que c’était le reflet fidèle de ce qu’étaient les femmes dans la société. C’est seulement en grandissant, en lisant, en m’informant, en rencontrant des personnes et en étant interpellée notamment par des militantes, que j’ai pris conscience du fait que ce magazine ne représentait pas les femmes dans leur ensemble. Il est bien au contraire dicté par des injonctions à être femmes en se conformant à un certain nombre d’identités.
Il est très compliqué de porter un féminisme qui ne soit pas un féminisme intersectionnel, c’est-à-dire un féminisme qui s’accompagne d’une réflexion antiraciste, anti-homophobe, anti-transphobe, anti-grossophobe
Cependant, Etre féministe et travailler au magazine ‘Elle’ n’est pas antinomique ! Être féministe n’est antinomique avec rien. Je crois que l’on peut faire n’importe quel métier, comprendre et épouser les idées féministes et les appliquer dans notre champ d’action. Heureusement qu’il y a des femmes féministes dans les magazines féminins : c’est fondamental.
D’ailleurs, il ne faut pas oublier que malgré ses biais, le magazine ‘Elle’ a accompagné énormément de moments importants de la vie des femmes : le magazine était en première ligne dans les années 70 pour le droit à la contraception et l’avortement notamment.
Néanmoins, il me semble qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, il est très compliqué de porter un féminisme qui ne soit pas un féminisme intersectionnel, c’est-à-dire un féminisme qui s’accompagne d’une réflexion antiraciste, anti-homophobe, anti-transphobe, anti-grossophobe. Et c’est en cela que le magazine ‘Elle’ et la plupart des grands médias français échouent. La plupart sont aujourd’hui bloqués dans certains schémas très universalistes.
Intersectionnalité
Un féminisme intersectionnel est un féminisme qui s’interroge sur les discriminations. C’est la juriste américaine Kimberley Crenshaw qui a inventé ce mot pour décrire La situation des femmes noires crée des discriminations spécifiques, il nous faut donc des outils pour décrire correctement leur vécu. Si au contraire, nous nous servions des outils féministes pensés, surtout dans la seconde vague de féminisme, majoritairement par des femmes blanches, nous ne pourrions pas décrire correctement la situation des femmes noires.
La situation des femmes noires crée des discriminations spécifiques, il nous faut donc des outils pour décrire correctement leur vécu
Par extension, cet adjectif sert aujourd’hui à désigner tout mouvement politique qui réfléchit à l’intersection des discriminations de genre, mais aussi de race, de classe, d’homophobie et de transphobie… C’est une façon de penser une lutte pour qu’elle soit inclusive.
Les hommes dans le mouvement féministe
Ce que je suggère très souvent aux hommes, c’est de se taire et d’écouter. Cela serait déjà un très grand pas. Les hommes occupent un temps de parole médiatique qui est trois fois supérieur à celui des femmes. Cette réalité médiatique reflète une réalité similaire dans la société. Il suffit d’observer n’importe quelle assemblée mixte : on entend beaucoup plus les hommes parler que les femmes. Ce qui est important ici, c’est d’écouter et de tendre l’oreille aux femmes, de comprendre leur vie, leurs revendications, leurs opinions. Et c’est déjà très difficile à obtenir.
En parallèle, il est vraiment urgent que les hommes s’emparent du féminisme et comprennent que c’est un projet de société absolument génial qui vise à libérer tout le monde – y compris les hommes – des injonctions liées au genre. C’est terrible pour un petit garçon qui ne correspond pas au modèle de la virilité dominante de ne pas correspondre à ces stéréotypes. Les hommes doivent réaliser qu’on a pour projet de détruire cette binarité qui a été construite culturellement et socialement.
‘Prenons la Une !’
J’ai rejoint en 2016 cette association de femmes journalistes qui avait été créée un an avant. C’est une association qui repose beaucoup sur la sororité : on se retrouve, on échange, on partage des expériences et rien que ça, c’est déjà un énorme soutien, une énorme aide à plusieurs modes d’action.
Le but est d’encourager les rédactions à ne plus parler de “crime passionnel” ou de “drame conjugal” quand il s’agit de féminicide, par exemple
Ensuite, nous créons des outils à destination des rédactions. Il existe notamment toute une charte sur le traitement des féminicides et des violences contre les femmes. Le but est d’encourager les rédactions à ne plus parler de “crime passionnel” ou de “drame conjugal” quand il s’agit de féminicide, par exemple. L’objectif est aussi de les inciter à rappeler systématiquement les chiffres concernant les violences contre les femmes, à donner le numéro du 39 19. Le but est de pousser les rédactions dans le bon sens pour traiter de la bonne façon les sujets qui concernent les droits des femmes. Nous réalisons également des formations dans les écoles de journalisme ou dans les rédactions pour donner des outils sur le traitement des questions de genre.
“Prenons la Une” agit comme une sorte de lobby : nous essayons de convaincre les journalistes et les rédactions de changer et de mieux traiter ces sujets.
Écriture inclusive ?
J’aime souvent donner cet exemple : quand on interroge des gens dans la rue et qu’on leur demande “Donnez-moi le nom de trois grands auteurs français”, dans 95 % des cas, des noms d’hommes vont être cités. En revanche, si la question est “Donnez-moi trois noms d’auteurs ou autrices français et françaises”, on entendra des réponses comme Françoise Sagan, Marguerite Duras, Colette… Les mots ont un impact sur l’imaginaire !
De la même façon, quand on parle des “électeurs”, on imagine une masse d’hommes allant voter, tandis que les “décideurs” rappellent une assemblée de types en costard cravate. La langue française crée ces représentations imaginaires et ces automatismes. Mais Si on dit “les décideurs et les décideuses”, on a tout de suite la vision d’une assemblée mixte et c’est beaucoup mieux. D’où le terme inclusif !
‘La Poudre’, derrière le micro
J’ai lancé mon podcast ‘La Poudre’ en 2016, l’idée est née d’une volonté très simple de journaliste de remettre des paroles de femmes dans l’espace public. C’est une démarche qui à l’époque était presque naïve. Nous n’entendons pas assez les femmes dans les médias : nous manquons de récits et d’expériences de femmes. Je me suis demandé ce que je pouvais faire, en tant que journaliste. J’ai donc décidé de réaliser des interviews de femme “à la pelle” et d’investir le média podcast que je venais de découvrir. J’avais la certitude que cela allait fonctionner et que c’était ce que je devais faire ! Vraiment, j’ai vécu une sorte d’état de grâce, c’était quelque chose d’assez unique. J’avais une espèce de sentiment profond d’alignement et l’impression d’avoir trouvé l’endroit où il fallait que je me tienne.
Il existe une tendance à penser que faire du bon journalisme, c’est aller gratter là où ça fait mal
J’avais cette envie d’en découdre, je me suis dit : “J’ai 35 ans et j’ai de l’expérience. Je suis forte, je suis maline et je vais vous montrer comment on fait, comment on fait correctement du journalisme pour traiter du féminisme”. Et ça a fonctionné tout de suite ! Mes invitées étaient super, je suis directement arrivée avec sous le coude des interviews de Rebecca Zlotowski, Leïla Slimani, Inna Modja… Les interviews étaient passionnantes ! Qui plus est, Ca fait tellement du bien d’entendre deux femmes parler pendant une heure sans qu’à aucun moment un homme ne vienne interrompre, expliquer ou contredire, c’est reposant. Et puis, j’avais aussi envie de corriger certains biais qui moi m’énervent beaucoup à la télé et dans d’autres médias de vouloir toujours contredire, couper la parole. Il existe une tendance à penser que faire du bon journalisme, c’est aller gratter là où ça fait mal. À l’inverse, j’ai vraiment essayé de créer un espace de pure bienveillance pour mes invitées.
‘Présentes’
Ce projet a démarré dans le cadre d’un cycle de conférences que j’ai organisé au Carreau du Temple en 2018-2019, à la demande de Sandrine Martin, la directrice du lieu, afin de recevoir des femmes sur la scène du grand auditorium. Les conférences étaient gratuites et traduites en langue des signes, et le lieu accessible, cette inclusivité qui me tient à tant à cœur était rendue possible !
J’ai donc organisé, à raison d’une conférence par mois, ces rencontres autour d’un thème : la place des femmes dans l’espace public. J’ai notamment reçu notamment Alice Coffin, Rokhaya Diallo, Marie Da Silva, Hanane Karimi, Anaïs Bourdet… C’est suite à ce cycle de conférences qu’une éditrice chez Allary est venue me trouver en proposant de transformer les conférences en livre. C’est comme cela que le livre a pu voir le jour !
Femmes dans l’espace public
La recherche en géographie du genre a démontré que les femmes étaient souvent plus chargées que les hommes. Les femmes sont en charge du care dans la société : des enfants, des courses, du foyer, des personnes âgées, des personnes handicapées, et donc bien plus souvent que les hommes se déplacent avec des chariots, des caddies, des poussettes, des fauteuils roulants, des personnes à leur bras, des cannes, des cabas.
Les femmes sont chargées et on observe parallèlement que quand une femme se déplace dans la ville, elle est la plupart du temps sur une trajectoire entre un point A un point B. Les femmes transitent. À l’inverse, la flânerie est un privilège masculin. Pour corriger ce biais, les chercheurs et chercheuses en géographie du genre indiquent qu’il faut rendre la ville plus accueillante aux femmes pour qu’elles se sentent plus à l’aise, plus légitimes pour y circuler.
Chris Blache et Pascale Lapalud, deux urbanistes que j’ai pu recevoir au Carreau du Temple, ont été chargées du réaménagement de la place du Panthéon. À cette occasion, elles ont complètement modifié le paysage de cette place qui était avant cela un vaste parking. Elles ont enlevé le parking et ont installé du mobilier urbain, des estrades, des blocs de granit : des choses très simples qui étaient conçues comme des invitations à s’asseoir et à s’installer tout en ayant très facilement une poussette à côté, un enfant qui court devant, un fauteuil roulant qui s’encastre très bien dans l’angle… Chris Blache et Pascale Lapalud se sont rendu compte que le simple fait d’installer ce mobilier urbain avait profondément modifié le comportement des places des femmes qui traversaient la place et, par extension, celui des hommes.
Culture du viol à la française
Dans 80 % des cas, les femmes violées connaissent leur agresseur. Il est extrêmement urgent de déconstruire le mythe de la femme qui est violée dans une ruelle sombre la nuit parce qu’elle porte une mini-jupe. En réalité, le violeur est souvent le patron, le collègue de travail, le mari, le père. C’est une réalité violente et difficile à entendre, mais c’est ça, le viol. Tout un tas de mécanismes de honte sont soigneusement mis en place, les victimes sont pointées du doigt et rendues responsables de leur viol.
Si on se donnait les moyens de lutter contre les violences faites aux femmes de la même manière que l’État a lutté contre l’insécurité routière, tout pourrait changer
Je rejoins Caroline de Haas, cofondatrice de #NousToutes, qui le répète très régulièrement : si on se donnait les moyens de lutter contre les violences faites aux femmes de la même manière que l’État a lutté contre l’insécurité routière, tout pourrait changer. Les morts sur les routes ont drastiquement diminué ces 20 ou 30 dernières années parce que l’État a mis des budgets publicitaires, des affiches, des slogans… Tous ces spots publicitaires qu’on a vus dans les cinémas et à la télévision depuis l’adolescence nous ont sensibilisés aux dangers de la route. Il y a eu la mise en place d’une véritable politique d’État pour lutter contre cette insécurité et cela a marché. Si on voulait vraiment lutter contre les violences sexistes, sexuelles et les féminicides, il faudrait faire la même chose.
Quelle invitée de ‘La poudre’ vous a particulièrement marquée ?
Je me rappellerai toujours mon entretien avec Latifa Ibn Ziaten, une femme dont le fils a été assassiné par un terroriste islamiste. Elle passe son temps à sillonner la France, l’Europe et le monde, dans les prisons, les écoles, les Parlements, pour transmettre un message d’amour et de tolérance, alors qu’elle a été endeuillée de la façon la plus violente qui soit. Je me rappelle que pendant cette interview, j’ai pleuré pendant tout le long. Je pleurais et j’étais irradiée de sa force, de son amour, de sa résilience.
Je suis également fière d’avoir interviewé Assa Traoré en 2017, assez tôt au début de son mouvement. J’ai eu la chance d’interviewer Gloria Steinem, qui est une militante féministe que j’admire immensément.
Justement, vous choisiriez plutôt Gloria Steinem ou Angela Davis ?
Je ne peux pas choisir. Surtout pas. Surtout pas entre ces deux-là. C’est justement leur alliance et leur amitié qui fait la force de leur combat.
Dîner en tête-à-tête : plutôt en compagnie d’Élisabeth Badinter ou de Catherine Deneuve ?
Catherine Deneuve, quand même !
Une valeur que vous souhaitez transmettre à vos enfants ?
La bienveillance.
Lequel de ces deux films avez-vous préféré : ‘La vie d’Adèle’ ou ‘Le portrait de la jeune fille en feu’ ?
Le portrait de la jeune fille en feu.
Quelle femme de pouvoir admirez-vous ?
Kamala Harris.
Une chanson que vous écoutez beaucoup en ce moment ?
J’ai pas mal de petites fixettes. J’avoue que je me suis pas mal mis en boucle ces derniers temps ‘Fever’ d’Angèle et Dua Lipa !
Votre première manif, c’était pour quoi ?
Je pense que j’ai dû marcher assez tôt pour le climat. J’ai des souvenirs d’étudiante à Strasbourg faisant des marches écolos.
Le sexisme envers les hommes existe-t-il ?
Non ! Du moins ça ne s’appelle pas comme ça !
Le prénom de votre chien ?
Il s’appelle Robin !
Y a-t-il une chose qui manque à votre vie ?
Peut-être des heures dans mes journées…
Qu’est-ce que le féminisme radical ?
C’est vraiment une question qui mérite un podcast d’une heure. D’ailleurs je l’ai fait, il s’appelle ‘Patriarchy is burning’ ! On peut entendre tellement de choses par ce mot que ça vaut le coup de tête creuser le sujet.
Une série féministe que vous recommanderiez ?
‘The Marvellous Mrs Maisel’ !
Est-ce que vous aimeriez dire quelque chose à toutes ces femmes silencieuses qui ont peur de prendre la parole ?
Je leur dirai de prendre leur temps. C’est OK, on est là, on parle pour vous.
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