Pendant qu’on regardait Trump partir, on n’a pas vu Zemmour arriver. Depuis deux jours l’Express feuilletonne la une de son prochain numéro sur « la tentation présidentielle d’Eric Zemmour ». Vous souriez ? vous ne devriez pas…
Ce que révèle l’Express, au delà des indices, des réseaux, des preuves et des anecdotes, c’est que cette la candidature Zemmour en 2022 est plus qu’une possibilité. Non seulement il y pense, mais d’autres y travaillent. Il n’a besoin ni d’argent ni de parti et il a tous les atouts en main, outre que les vents conjugués de l’Histoire au temps d’Internet est favorable à l’extrême droite, aux populistes, aux démagogues et aux racistes.
Il a beaucoup en commun avec Trump : vingt ans de télévision derrière lui, mieux même : vingt ans de télé-réalité politique. Une chaîne d’info désormais rebâtie autour de lui, Cnews, et qui connait la même progression que Fox News il y a dix ans. Trump est un raciste multicartes, Zemmour aussi. Il vomit les élites qui le méprisent. Zemmour aussi. Et il a même un milliardaire anti Macron avec lui, propriétaire d’une chaine d’info, de maisons d’édition, de journaux et bientôt d’Europe 1.
L’extrême droite a fait le plein chez les pauvres et les bas de plafond, mais pas encore chez celles et ceux qui croient qu’ils pensent parce qu’ils regardent la télévision. Vaste marché de dupes sur lequel Zemmour pèse plus qu’on ne croit.
Rappelons qu’il y a quelques jours, un autre sondage, portant sur le second tour des prochaines présidentielles plaçait Marine le Pen à 48% face à Emmanuel Macron (52%). 48/52 contre 34/66 en 2017. Une progression de 14%, un cocktail de fake news, de gilets jaunes, de dénuement de l’Etat dans la crise covid et de peur confinée.
Ces derniers jours, Zemmour a refusé de répondre à la télévision à Alain Duhamel sur sa candidature : « C’est pas ici et aujourd’hui que je vais le dire. » Ira ? Ira pas ? Est il là pour aider l’extrême droite ou pour la représenter ? Ne riez pas, souvenez vous de Trump, de Boris Johnson. Contrairement au nuage de Tchernobyl, le nuage populiste ne s’arrêtera pas aux frontières françaises.
Par ailleurs, et pour les adeptes de complots, notons que cette enquête parait dans l’Express, propriété d’Alain Weil, par ailleurs patron de BFM, en recul ces derniers temps au profit de… CNews. Candidat, Zemmour n’y disposerait plus de la popularité qui sied aux commentateurs, remplacée par la défiance propres aux candidats.
Alors, futur candidat ? Possible. Gros atout pour l’extrême droite en 2022 ? Certain. Du couvre-feu au maquis, il n’y a qu’un pas.
-Charles
Episode 1 : Zemmour président ? L’Express a enquêté pendant trois mois sur cet objet de fantasme au sein de la droite et de l’extrême droite. Certains en rêvent, y pensent, y travaillent. L’auteur de Destin français les laisse faire. Mieux : il envisage désormais de se lancer dans la course à l’Elysée pour 2022.
Episode 2 : Depuis son arrivée sur la chaîne CNews, il diffuse chaque soir des éléments d’un éventuel programme politique. Une caisse de résonance incroyable pour l’essayiste. Marine Le Pen, elle, observe avec méfiance cette irrésistible ascension. Elle n’ignore ni le mépris dont fait preuve à son égard ce potentiel rival, ni la popularité dont il jouit parmi ses troupes.
Episode 3 : Un homme solitaire et clivant. « Je n’ai jamais rencontré une personne aussi autocentrée que lui », confie une connaissance pourtant habituée à prendre sa défense en public. Dans son entourage, une femme joue le rôle de conseillère politique. Sarah Knafo, une énarque de 26 ans, est devenue depuis quelques années l’ombre de Zemmour. En coulisses, elle s’improvise intermédiaire pour préparer sa candidature.