Alice Coffin : « Le neutre, c’est la subjectivité des dominants »

Alice Coffin - militante féministe et LGBT
Photos Olivier Roller 

par Thomas Thévenoud

Une heure avec Alice Coffin, pour entendre la voix discordante de celle par qui les scandales arrivent. Elle ne les provoque pas, elle les dénonce, et c’est ce qu’on lui reproche.  La nouvelle conseillère de Paris, lesbienne, militante féministe et LGBT, auteure du “Génie lesbien”, s’exprime ici tout à la fois sur le journalisme, l’engagement politique, et l’activisme.

Extraits du podcast ‘Dans l’oreille de Charles’, série ‘femmes d’influence’,
Interview menée par Thomas Thévenoud

Quel métier rêviez-vous de faire petite ?

J’ai beaucoup rêvé mais surtout j’avais un personnage imaginaire prénommé André. J’ai réalisé plus tard qu’André, que j’incarnais par intermittence, était un jeune homme, beau et brillant. Cet André avait une profession que j’appelais “tout métier”. J’avais inventé cette expression car j’avais envie d’être capable de tout faire, de savoir que tout est possible et réalisable.

André c’est aussi “Andros”, l’homme ?

C’est ce que j’ai compris pendant l’écriture de mon livre “Le Génie Lesbien”. Le choix de ce personnage imaginaire est intéressant car après des années d’analyse, je n’avais pas réalisé la place qu’occupait cet homme : André.

Est-ce qu’à la maison ça parlait politique ?

Nous sommes 6 enfants, j’ai 12 ans d’écart avec le dernier. Il était plutôt question des récits des uns et des autres de la journée plutôt que de politique. Mes souvenirs vont être ceux de soirées électorales : des moments de télé exceptionnels.

(c) Olivier Roller

“Le soir de son élection, mes parents étaient très gênés car je criais “Vive Giscard”. Apparemment, je n’avais pas compris grand-chose”

Aussi, je me souviens de la victoire de Mitterrand en 81 alors que mes parents habitaient juste à côté de la place de la Bastille. Le soir de son élection, mes parents étaient très gênés car je criais “Vive Giscard”. Apparemment, je n’avais pas compris grand-chose.

Vos parents ont toujours voté à gauche ?

Oui, ils ont toujours voté à gauche…voire très à gauche concernant mon père. C’est intéressant de voir que finalement il y a une emprise parentale. Je suis enfant, j’adore mes parents, tout ce qu’ils font ou disent, je le considère comme parole sacrée. Sans même connaître ou comprendre le vocabulaire : PS, RPR …Voter à gauche est la bonne chose à faire parce que c’est parental. Après, viendra le temps des vraies questions.

Quand vous vous êtes dit je suis lesbienne ?

C’est justement le dire qui est intéressant. C’est-à-dire que le mot “lesbienne”, c’était un mot que je ne connaissais pas. Je pense que j’avais une connaissance de ce qui pouvait s’appeler l’homosexualité, appellation que je n’emploie d’ailleurs pas. Pourtant, je n’ai jamais caché ni à moi-même ni à mes parents que je pouvais être amoureuse de femmes. Toutefois, la formulation vient très tard, et je comprends maintenant pourquoi je ne connaissais pas ce mot-là, qui est encore très peu employé, et encore moins lorsque j’étais adolescente.

Les mots ont une importance capitale dans votre vie puisque vous êtes journaliste. Vous avez fait des études de journalisme et de philo, à la Sorbonne et à Sciences Po Bordeaux. Finalement, André qui faisait tous les métiers du monde, a décidé d’être journaliste. Pourquoi ?

Je n’avais pas la vocation de journaliste. J’ai un souvenir de l’année de la campagne de 88 quand j’étais en CM2. C’est amusant de voir l’animation d’une campagne électorale même

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