Le Journal politique de Marc Dugain

Bien sûr, il ne faut jamais désespérer

Effondrement

On ne peut observer la vie politique d’un pays, à un moment donné, qu’à l’aune de ses enjeux fondamentaux. La société française, en ce sens-là, sait que deux défis majeurs la concernent, au même titre que toute autre nation développée de la planète.

Le premier, c’est la crise climatique, qui risque de l’affecter selon une logique simple et implacable et d’entraîner une hausse considérable de sa population par vagues migratoires successives, à opposer à une réduction de son territoire par la montée des eaux. Et au-delà, de nombreux problèmes vont évidemment se greffer, liés à l’assimilation plus ou moins réussie de ces populations, à la raréfaction de l’eau potable, à l’épuisement des sols et autres conséquences encore bien loin des scénarios les plus pessimistes d’effondrement.

Quel effondrement ? Celui d’un système économique mondial qui, depuis la chute du mur de Berlin, ne fonctionne que sur la croissance, l’accumulation et la destruction des ressources naturelles, donc de l’environnement. L’effondrement n’est pas aujourd’hui l’hypothèse la plus probable, mais on ne peut l’exclure. Pendant que l’on s’acharne à nous éjecter nous-mêmes de cette planète, une révolution s’est mise en marche. Elle n’affecte pas seulement notre connaissance, notre communication, mais des valeurs aussi fondamentales que notre liberté. Et bien au-delà encore, notre identité humaine, avec le développement de l’intelligence artificielle et du transhumanisme. Cette révolution numérique dépasse nos frontières, car elle est mondiale, transversale et permet, pour la première fois de notre histoire, d’assister à l’émergence de sociétés-États, comme Google ou Facebook, dont l’ambition est de ne plus payer d’impôts aux vieilles nations et de battre monnaie. Sans parler d’objectifs moins affichés, qui sont : une surveillance permanente et un contrôle absolu de l’opinion à travers – et c’est paradoxal – une liberté absolue d’expression sur les réseaux sociaux.

À tout cela s’ajoute, pour l’État français, un système économique mondialisé incontournable et la présence de la France dans une Union européenne économique et politique qui est à l’origine de la majorité des textes de lois régissant la vie quotidienne de ses citoyens. Leur opinion se forme désormais à partir d’un flux d’informations assez comparable à