Dans la bibliothèque de Jean-Pierre Jouyet

Peut-on comprendre les stratégies d’une femme ou d’un homme de pouvoir à travers sa bibliothèque ? Nous voici dans celle de Jean-Pierre Jouyet. Ce haut fonctionnaire, deux fois secrétaire général de l’Élysée, sous Sarkozy et sous Hollande, est un bibliophile aguerri. Après avoir été pendant deux ans ambassadeur de France à Londres, il est heureux d’être de retour à Paris pour courir les bouquinistes.

Par Constant Méheut

Photo : Yannick Labrousse 

Comme pour beaucoup de choses chez Jean-Pierre Jouyet, la bibliothèque est d’abord un jeu. En bon haut fonctionnaire, il s’y applique avec sérieux et assiduité, mais cela reste tout de même un jeu. Son éternel regard malicieux se hasarde entre les rayons, ici pour repérer un ouvrage égaré, là pour se rappeler à une lecture interrompue. « Moi, j’adore les livres », attaque-t-il d’emblée. « Il faut que je les touche, il faut que je les voie. » L’homme est connu pour être un grand tactile. Aussi, ni les livres ni les hommes n’échappent à sa main qui étreint. D’un pas déterminé, il fait grincer le parquet de son vaste appartement du XVI^ème arrondissement de Paris – quel meilleur terrain de jeu pour parcourir ses rayonnages ? – et nous entraîne dans une exploration de ses « collections particulières ».

Il y a d’abord les vieux ouvrages de la collection Nelson, publiés au début du XX^ème siècle, dont les couvertures régalent Jean-Pierre Jouyet lorsqu’il court les bouquinistes parisiens à leur recherche. Et puis il y a ces centaines de livres