« Le 18 juin, ça n’existe pas ! »

Nous sommes en juin 1994. Le journaliste et écrivain Georges-Marc Benamou fait parler le dernier Mitterrand. Cette fois, l’auteur du Coup d’État permanent lâche ses coups, bien au-delà de la doxa française, celle dans laquelle nous avons toutes et tous été élevés. Cette colère blasphématoire, Benamou l’avait déjà racontée dans son livre Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez (Plon, 2001). Mais la voici dans une version légèrement remixée, donc presqu’inédite. En tout cas, assurément historique.

Par Georges-Marc Benamou

Photo Patrice Normand

Nous sommes en juin 1994. Il venait de choquer en contestant (non sans raison) le rôle de De Gaulle dans le débarquement de Normandie. À l’approche du cinquantième anniversaire de la Libération, la religion gaulliste l’exaspérait plus que jamais, et il ne se retenait plus. Il avait dû se contenir pendant deux septennats, s’incliner trop souvent devant la statue du Commandeur, s’astreindre à tous les hommages gaullistes respectueux et nationaux. Il ne manquait plus, dans nos entretiens (Mémoires interrompus, Odile Jacob, 1996), qu’une occasion d’écorner le mythe ; et il s’employait, avec une exactitude, parfois tatillonne, à corriger « cette histoire écrite par les vainqueurs »,