Durant la campagne présidentielle de 2017, la consigne se répand : il faut diaboliser Macron, « le candidat de la finance » ! Comment ? En lui collant sur le front une étiquette indélébile de banquier rothschildien. Pour porter l’attaque, ses ennemis l’ont déshabillé, puis déguisé en vilain capitaliste avec le frac, le cigare, et le chapeau haut de forme, les codes en usage pour représenter les exploiteurs. Autant de clichés qui désignent, dans notre culture politique, les maîtres de l’industrie, de la finance et du commerce. Mais d’où viennent ces stéréotypes visuels et pourquoi persiste-t-on encore, aujourd’hui, à représenter les patrons dans des costumes d’un autre âge ?
PAR ZVONIMIR NOVAK
La description du mal
Incroyable, mais vrai ! Les représentations graphiques du capitaliste et du patron n’ont pas bougé depuis le XIXème siècle. On les dessine aujourd’hui, comme si le temps s’était brusquement arrêté à l’époque du charbon et de la machine à vapeur. Imaginons Xavier Niel, le patron de Free, tout de jean vêtu et sans cravate ou encore Mark Zuckerberg, le patron de Facebook et ses tee-shirts d’étudiant, habillés en frac et en haut-de-forme. Risible ! Les illustrations politiques des classes possédantes se sont bloquées sur des stéréotypes immuables et définitifs. Elles reprennent, au nœud papillon près, les vêtements de cérémonie que portait la petite et grande bourgeoisie, lors des grandes occasions. C’est absurde, mais c’est ainsi. Le capitaliste fantasmé est donc croqué comme un noceur aperçu à la sortie d’un opéra bouffe, un milord qui fait la java sur le dos des ouvriers et qui, par conséquent, ne travaille jamais.
Mais de quoi est constituée la garde-robe de l’incarnation du mal social (le patron), et par quels signes physiques le reconnaît-on ? Ce qui saute aux yeux, c’est ce chapeau haut-de-forme, qui symbolise au XIXème siècle une position sociale élevée. Il y a du colossal dans ce couvre-chef, un véritable monument destiné à mettre en avant une personnalité qui s’estime être de grande qualité. Par sa hauteur et la solennité de son volume, l’individu qui le porte se voit plus grand et donc
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