Quand la publicité politique se popularise au début du xxème siècle, il est impossible de trouver un homme imberbe sur les cartons électoraux. Gravures et tracts affichent ostensiblement des générations de poilus. Pourquoi tous ces candidats se sont-ils rués sur la barbe et la moustache ? Tout d’abord, la moustache a toujours représenté l’ordre et l’autorité à travers celle portée par la maréchaussée et les hommes de loi. Ensuite, la barbe ramène aux patriarches de la Bible, mais aussi aux philosophes grecs, aux érudits et aux savants. Sagesse, connaissance, force : une histoire des politiques lorsqu’ils sont à poils.
PAR ZVONIMIR NOVAK
Lorsque la maison Fortin et Marotte réalise des cartes électorales pour les élections législatives de 1902, elle propose aux candidats, pour un prix modique, leur photographie accompagnée de leur profession de foi. C’est ainsi que la publicité politique commence, avec des poses grandiloquentes, des formules ampoulées et des défilés de barbes et de moustaches. Car la pilosité faciale n’est pas seulement la projection d’un statut social, elle est aussi un faire-valoir esthétique pour les hommes politiques. Elle permet de modifier l’expression d’un visage, de l’embellir, tout en cachant quelques vilains défauts morphologiques. Cet avantage, les hommes politiques du début du vingtième siècle en ont vite pris conscience. Ainsi à travers des tracts et des cartons électoraux, nous pouvons admirer les pilosités faciales les plus soignées. De la mouche qu’ils se laissaient pousser au-dessous de la lèvre inférieure, en passant par la barbette taillée très courte, jusqu’aux fameuses côtelettes portées par Jules Ferry, nos postulants aux plus hautes fonctions affichent leur identité politique à travers le poil. Ainsi François Gueugniaud porte pour les élections municipales du 3 mai 1908, une barbichette à la Richelieu. Sa barbe est aussi pointue que l’est son courroux contre les fumistes, les parasites et les saltimbanques de la politique. Ce citoyen, autodéclaré candidat de la protestation, s’élève contre les trafiquants de mandats. Il est plein de compassion pour le sort des travailleurs et désire élever le niveau social des individus en les rendant meilleurs. D’un tempérament emporté, il termine sa profession de foi par un aphorisme inoubliable : « Dans la vie, le plus fort n’est pas le plus grand ; le plus grand, c’est le meilleur.»
En revanche, la philanthropie n’est pas
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