Thierry Ardisson : « C’est le moment de pousser des idées, non ? »

Trente-cinq ans de carrière à la télévision. Récemment «viré» de C8 par Bolloré. Une poignée d’émissions devenues cultes derrière lui («Lunettes noires pour nuits blanches», «Bains de minuit», «Rive droite/Rive gauche», «Tout le monde en parle»…), Thierry Ardisson n’entend pas faire mentir sa réputation d’infatigable baby-boomer. Animateur et/ou producteur passé par toutes les grandes cases de l’échiquier audiovisuel français, et alors que se prépare une énième réforme de l’audiovisuel, le voici en ardent défenseur d’un retour de la culture et à «l’esprit» de l’ORTF sur les chaînes publiques. Appelant celles-ci, face aux chaînes commerciales et à la concurrence des Netflix et Amazon, à carrément prendre un «maquis» d’un nouveau genre : celui de la «Résistance culturelle». Un entretien pour le moins réformateur.

Propos recueillis par Marie-Ève Chamard & Philippe Kieffer

Photo Arnaud Meyer

Donc, en route pour une nouvelle réforme de l’audiovisuel, une de plus…

On nous annonce des chaînes de télé et de radio publiques réunies dans un grand ensemble, façon ORTF. Moi, ce type de schéma pyramidal, souhaité publiquement par Franck Riester avant sa nomination, ça ne me surprend pas, ça ne me choque pas non plus. La question des tuyaux, ce n’est pas le plus important. L’essentiel, c’est l’avenir des contenus. Et là, disons que je suis perplexe, et même un peu inquiet… J’ai lu attentivement les articles de la loi sur l’audiovisuel concernant les missions du service public. C’est tellement imprécis, tellement vague, que ça autorise, en fait, à peu près n’importe quoi. Le gouvernement « souhaite » que des efforts soient faits en matière de culture. Les chaînes devront « contribuer » à cet objectif. Les producteurs sont « invités » à « favoriser » des projets de ce type. Des formules creuses, quoi, des vœux pieux. Du coup, personne n’est tenu à rien.

À ton avis, pour quelle raison ? Manque d’ambition, de moyens ?

Manque de volonté, et depuis trop longtemps, c’est évident ! Ce qu’il faut, c’est un vrai cadre à respecter. Les chaînes, si on se contente leur dire : « Il faudrait faire de la culture », elles répondent en chœur : « Oui, oui, bien sûr », et elles oublient. Ou alors, elles traînent les pieds. D’une façon générale, depuis des décennies, la culture à la télé est vécue comme une contrainte, une menace sur l’audience, une « obligation » très relative, à laquelle tout est bon pour se soustraire… La loi AV devrait se montrer plus exigeante, plus contraignante.

En disant quoi ?

Dès la rédaction du projet, le législateur devrait non pas « souhaiter », mais « exiger » que chaque programme, chaque magazine, chaque divertissement, chaque série, chaque talk-show ou même chaque télé-réalité comporte une dose, une « pastille », de culture qui apporte un vrai supplément d’âme. Ça devrait être gravé dans l’ADN de la loi. Ça

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