Depuis quinze ans, René Dosière est devenu le Monsieur Propre de la République. Ce député socialiste de l’Aisne, vice-président de l’Assemblée nationale, s’est fait une solide réputation en traquant les errements, les absurdités et les abus dans les finances publiques. Ce combat lui a d’ailleurs valu quelques beaux succès en librairie : comme quoi, économiser peut rapporter gros…
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-BAPTISTE DAOULAS
PORTRAITS PATRICE NORMAND
En octobre 2001, vous montez à la tribune de l’Assemblée nationale pour discuter d’un rapport annuel de la Cour des comptes et, pour la première fois, vous parlez du budget de l’Élysée. Vous avez eu l’impression de briser un tabou ce jour-là ?
Tout à fait. J’avais d’ailleurs pris mes précautions. J’avais rédigé à l’avance mon intervention sur l’Élysée pour ne surtout pas improviser, mais j’ai d’abord commencé à parler des collectivités locales afin de justifier ma prise de parole sur le rapport de la Cour des comptes. C’est seulement ensuite que j’ai enchaîné en disant : « Il y a un deuxième point dans le rapport… », car je ne voulais pas que l’on me dise que mes propos sur la dotation de l’Élysée n’avaient rien à voir avec le sujet. Et là, j’ai bien senti dans l’hémicycle que l’on se demandait où j’allais. Imaginez que, jusque-là, la seule fois sous la Vème République où l’on avait évoqué le budget de l’Élysée, c’était après le voyage du général de Gaulle en Amérique latine en 1964 ! Le député socialiste André Chandernagor avait demandé des justificatifs sur le coût et la durée du voyage. Et c’est Georges Pompidou qui lui avait répondu de manière détaillée, mais en lui faisant sentir que sa question était vulgaire. Il n’y avait pas eu de suite.
Jusqu’à vous ?
Avec moi, il y a eu des suites. Un mois plus tard, Arnaud Montebourg, en se référant à mes calculs sur l’augmentation du budget présidentiel, proposait de diminuer la dotation de la présidence. L’opposition de l’époque a répliqué en suggérant de diminuer les crédits de Matignon. Pour trouver une solution de compromis, Didier Migaud, qui était rapporteur général de la commission des Finances, proposa d’inclure au budget de l’Élysée un document annexe qui permettrait d’y voir plus clair. Montebourg retira alors son amendement et l’opposition fit de même. Cette annexe était une bonne idée, mais à condition qu’elle soit « documentée », pour reprendre une expression chère à la Cour des comptes. Or, elle est restée très succincte.
Étiez-vous assez armé pour enquêter sur le budget de l’Élysée ?
Je m’étais simplement référé aux rapports de la Cour des comptes. J’ai trouvé à la bibliothèque de l’Assemblée une thèse universitaire de Vincent Dussart sur l’autonomie financière des pouvoirs publics. J’ai repris les deux livres de Jean Massot. Il avait été le premier à souligner qu’il existait un budget caché de l’Élysée. Il y avait encore très peu de littérature sur le sujet. J’ai alors utilisé le principe des questions
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