Roselyne Bachelot aurait dit d’elle : « Rama Yade est une femme et elle est noire, elle va être promue. Heureusement qu’elle n’est pas lesbienne et handicapée, sinon elle serait Premier ministre ! » C’est dire si le racisme en politique, Rama Yade l’a bien connu. Mais plutôt que de s’appesantir sur le sujet, l’éphémère secrétaire d’État aux Droits de l’Homme, qui aura symbolisé avec Rachida Dati la diversité sous la présidence Sarkozy, préfère dérouler un programme strictement laïque, faisant fi de la discrimination positive, et bannissant le voile de l’espace public. Car, si elle n’a plus de mandat électif, Rama Yade est aujourd’hui candidate à l’élection présidentielle.
PROPOS RECUEILLIS PAR JEREMY COLLADO
PORTRAITS SOPHIE CARRERE
Vous vous êtes lancée dans la course pour 2017. Vous aviez cela en tête depuis longtemps ?
Je me préparais depuis un an à prendre la décision. Quand on s’engage en politique, on ressent le besoin d’exprimer ses idées devant un maximum de Français, surtout quand la situation de notre pays m’attriste. Mais l’envie ne suffit pas. Il me fallait les moyens d’une candidature sérieuse, pas de témoignage. La préparation matérielle a débuté il y a sept ou huit mois (au début de l’entretien, elle passera un coup de téléphone à propos de la caution exigée pour son QG de campagne –NDLR).
J’ai relu ce que vous disiez lorsque vous êtes entrée au gouvernement en 2007. On vous mettait alors dans la même catégorie que Fadela Amara et Rachida Dati, celle des « femmes » issues de la « diversité ». Pourquoi refusiez-vous cette catégorie ?
Ce n’est pas moi qui ai utilisé ces mots. À l’époque, je n’avais pas compris, parce que je ne voyais pas pourquoi on créait de facto une catégorie de Français « issus de l’immigration » ou « issus de la diversité ». On est Français, point. Je ne connais qu’une seule communauté : la communauté nationale. Au fond, les communautaristes, ce sont ceux qui utilisent ces mots-là, pas ceux qui sont ainsi catalogués.
Tous les partis jouent ce rôle-là en mettant en avant des profils « divers » de femmes, de gens « issus de la diversité ». C’est aussi un cirque médiatique ?
Manifestement, tout le monde joue, mais ça n’est pas drôle. Au gouvernement, je n’étais pas là en tant que représentante d’une communauté – laquelle d’ailleurs ? – mais en tant que Française qui s’occupait des Droits de l’Homme au ministère des Affaires étrangères. Quand je signais des contrats internationaux, je le faisais au nom de la France. Lorsque je participais à une réunion des Nations Unies sur la peine de mort ou la dépénalisation de l’homosexualité, je le faisais au nom de la France. Notre Constitution est claire : nulle distinction ne doit être faite en fonction de la religion, de la couleur de peau ou de l’origine. Il n’y a pas des Français de papier et des Français de sang. Il n’y a pas de droit du sang en France. Il n’y a pas de Français de souche et de Français de branche…
L’expression « Français de souche » est pourtant passée dans le langage courant, chez certains à droite notamment…
Et je pense que c’est l’échec de la République incantatoire, qui ne sait plus pratiquer l’égalité pour ces populations issues de l’immigration, comme on dit. Parce que la question sociale et le chômage
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