À Château-Gombert, dans les quartiers nord de Marseille, les Masse se succèdent politiquement de pères en fils depuis quatre générations. Ainsi, Jean a pris la suite de Marius, puis Marius junior celle de Jean. Aujourd’hui c’est l’arrière-petit-fils Christophe Masse qui tient le flambeau. Non sans réticence, ce dernier a accepté d’évoquer avec son père cette longue lignée de socialistes marseillais où la politique est partout en essayant de ne pas être tout.
PAR JEREMY COLLADO
C’est le père qui reçoit dans une villa perdue au milieu des pins, loin de l’agitation du centre-ville. Un portail en fer vert, un golden qui aboie à peine quand on entre dans le jardin, tout ça ressemblant à une retraite paisible, loin du marasme politique : « C’est ma vie depuis 2011, où j’ai décidé de ne pas me représenter » dit l’ancien député socialiste des Bouches-du-Rhône, Marius Masse, 74 printemps, cheveu blanc et teint halé. Il fouille dans ses archives, en tire une pochette beige un peu abîmée. Dessus, quelqu’un a écrit sobrement : « Souvenirs, doc. Masse. » À l’intérieur, Marius fait défiler cinquante ans de vie politique, intime et familiale. On ne sait qui a consigné ces photos, ces lettres de remerciements, ces coupures de presse. « Vous savez que c’est exceptionnel qu’on vous reçoive. Ça fait des années qu’on ne l’accepte plus. On a été trop attaqués » prévient le père qui donne encore l’impression d’hésiter. Son fils aussi, à peine réélu conseiller départemental de Marseille en mars dernier, a beaucoup réfléchi avant d’accepter l’entretien. Des jours de négociation par téléphone. Trop de coups, trop d’accusations « injustes », trop d’articles « caricaturaux » parus dans les journaux. Et enfin trop de polémiques stériles qui, disent-ils, ont coûté sa place de député à Christophe, battu en 2007 de quelques voix par l’étoile montante de l’UMP, Valérie Boyer : « J’ai perdu sur l’image qu’on a voulu donner de moi, de nous et de la famille », dira Christophe, en citant les articles distillés dans la presse locale, derrière lesquels il distingue la main de ses adversaires politiques qui l’ont brocardé sous l’angle du « fils de », héritier sans autre qualité que son nom : Masse.
C’est vrai qu’en 2002, Christophe Masse a repris la circonscription de son père après avoir toutefois arraché en 1998 un canton dévolu jadis à la droite. « On reproche souvent aux fils de politiques de faire de la politique. Mais bizarrement, on ne demande jamais rien aux fils d’avocat, de médecin ou de notaire ; et surtout pas de se justifier s’ils deviennent eux-mêmes avocats, médecins ou notaires. » Contrairement
Vous voulez lire la suite ?
Profitez de tous les articles de Charles en illimité !
Inscrivez-vous et bénéficiez de 8 semaines d’essai gratuit sans aucun engagement.
Recevez chaque semaine Charles l'hebdo
Acheter l'article
pour 3€
Tout Charles en illimité
L’hebdo, les podcasts, le site
Dès 6€ / mois
Vous avez déjà un compte ? Identifiez-vous