Par goût du verbe, cette Chilienne, arrivée en France il y a trente ans, s’est très vite fait happer par la sphère politique. Longtemps encartée au Parti socialiste, dans le sillage de Julien Dray et de Jean-Luc Mélenchon, elle deviendra l’une des fondatrices du Parti de gauche puis une importante animatrice médiatique des campagnes électorales du leader de La France insoumise. Son dada : la vième République, dont elle peut parler pendant des heures. Mariée au député Alexis Corbière, Raquel Garrido a surpris tout le monde en devenant cette année chroniqueuse dans l’émission « Les Terriens du dimanche !», présentée par Thierry Ardisson. Si on devine assez bien pour qui cette pasionaria de gauche a toujours voté, le moment était assurément venu de lui demander pourquoi.
PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAUD VIVIANT
PHOTOS MATHIEU GÉNON
Selon mes calculs, tu as dû voter pour la première fois à une présidentielle en 1995.
Raquel Garrido : Non, Monsieur ! Oh, bien sûr, j’étais déjà militante et j’ai fait cette campagne, comme toutes les autres, sur le terrain, mais le dimanche venu, je n’avais pas le droit d’aller voter, car je n’étais pas française. J’ai d’ailleurs beaucoup utilisé cet argument face au FN. Je disais aux gens que je sentais tentés par le vote xénophobe : « Vous n’êtes pas très engagé et pourtant vous avez le droit de voter. Et moi, qui fais du bénévolat, qui milite sur les marchés, qui mérite la médaille de la meilleure citoyenne, je n’en ai pas le droit ! » Mon dossier de naturalisation était toujours retoqué, j’en avais vraiment marre ! C’était kafkaïen, il manquait toujours un papier. En 1995, Benoît Hamon, que je connaissais de l’UNEF et du MJS, était directeur de cabinet de Martine Aubry, alors ministre des Affaires sociales. Je lui ai demandé d’appuyer ma demande. Rien ! Walou ! Finalement, je suis devenue française six mois après avoir épousé Alexis Corbière, en juillet 2000. Donc je vote à ma première présidentielle en 2002. Pas de chance. En 1995, j’étais présidente du comité de soutien de Jospin, à Nanterre. Mais, en 2002, c’est devenu difficile de le soutenir. Il a un bilan avec beaucoup de privatisations. À l’époque, je suis assistante confédérale à Force ouvrière. Je m’occupe de leurs relations internationales, notamment avec l’Amérique latine. Je travaille alors avec des syndicalistes et je vois tout de suite qu’il y a un problème : parmi eux, aucun ne vote Jospin. Bon, j’ai quand même voté pour lui, sans illusion. Et au second tour, j’ai voté Chirac. À l’époque, c’était la ligne.
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